Le Seigneur Faucon : chapitre 01
Chapitre
1
Je viens d’avoir dix-huit ans et j’ai
bien l’impression que ma vie va être transformée. Depuis le matin, j’ai un
mauvais pressentiment. Je devrais être heureux d’arriver à l’âge adulte, mais
mon cœur saigne. Je ne sais trop pourquoi. Peut-être parce que Akira ne pourra
plus rester auprès de moi aussi longtemps qu’il le faisait depuis tout petit.
Je ne devrais pas ressentir ce genre de sentiment envers un garçon puisque j’en
suis un également, mais rien n’y fit. Je suis arrivé dans ce village Miridia
quand j’avais cinq ans avec mon père. Partout où nous allions, les gens me
regardaient bizarrement et craintivement. Pourquoi me disais-je souvent ?
En fait, c’était à cause
de ma couleur de peau et de mes yeux. Ma peau avait la couleur du café au lait
et la couleur de mes yeux était argentée. Les gens trouvaient cela bizarre, car
mon père était très blanc de peau et avait les yeux comme pour la plupart des
habitants de la Terre du milieu, de couleur noisette. Mon paternel finit par
m’avouer que je ressemblais à ma mère qui se trouvait être une très grande dame
dans la contrée du désert. Je sus plus tard qu’elle s’appelait Mirnia, une
reine dirigeant pour ainsi dire tout le désert à elle seule.
Quand nous sommes finalement arrivés à
Miridia, nous pensions subir les mêmes regards étant donné que le village était
coupé du reste du royaume. Mais non, les habitants nous accueillirent
chaleureusement. Je fis ainsi connaissance avec deux filles, Manny étant la
fille de l’aubergiste et de Anissa, une jeune orpheline de trois ans mon aînée.
Mon père, Bram Meedon, nous trouva une petite ferme abandonnée dans la forêt.
Nous nous y installions faisant toutes réparations possibles pendant tout
l’été. Enfin, je dis nous, mais j’étais encore trop petit pour aider beaucoup,
mais les villageois étaient venus l’aider et ces journées étaient magiques.
Un jour revenant chez
nous, nous croisâmes la femme d’un fermier. Elle était enceinte jusqu’au cou.
Il semblait que l’enfant avait décidé de naître maintenant en pleine nature. La
femme pleurait, car il semblait que c’était beaucoup trop tôt. Mon père la
calma du mieux qu’il put. Ce jour-là fut ma première rencontre avec le petit Akira.
Pendant ces treize
années passées, je vécus heureux comme jamais. Le rire était le quotidien
suprême de ce village. Le seul bémol était ses sentiments, ce désir impérieux
que je ressentais en présence d’Akira. Pourquoi ? Pourquoi lui ?
Pourquoi ne puis-je avoir ce sentiment envers Manny qui me tourne autour depuis
deux ans déjà ? Je ne sais pas, mais je vis avec la crainte qu’un jour je
lui fasse du mal. La deuxième raison, c’était que depuis une semaine deux
individus étaient arrivés en pleine nuit à l’auberge. Un homme et une femme.
Depuis leur arrivée, le rire joyeux des villageois se faisait rare. Ils
craignaient la femme. Les fermiers affirmaient qu’elle sentait la magie à plein
nez. C’est vrai qu’elle semblait étrange. Elle semblait n’avoir aucun âge et un
certain mystère planait autour d’elle. L’homme qui l’accompagnait, je sus qu’il
était son garde du corps. C’était un homme imposant de grande stature dont les
cheveux châtain étaient retenus par une lanière de cuir. Il n’était pas
franchement beau, mais son visage attiré l’œil et l’attention. En gros, il
m’attirait. Lui aussi semblait cacher un lourd secret. Je vis souvent que mon
père n’appréciait nullement la femme. Un jour même je l’entendis maudire à
jamais ces chiennes de Sorcières du Jars. Rare était les fois où mon père
pouvait être de mauvaise humeur ou insultant. Étrange !
La nuit commençait à tomber et la lune
pleine montrait son museau. Je déteste les pleines lunes. Souvent mon corps
agissait de lui-même et je me retrouvais souvent en forêt près d’un lac. Là mon
corps chauffait à bloc et je tombais à chaque fois évanoui. C’était souvent mon
père qui me ramenait à la maison sur son dos et me mettait au lit comme un
enfant de cinq ans. Il me regardait alors tristement en me caressant les
cheveux. Dès fois, je l’entendais murmurer qu’il était désolé, vraiment désolé.
Pourquoi ?
Cette nuit-là fut exactement
pareille que les autres. La seule différence, c’était ma tête. J’avais
l’impression qu’elle allait éclater. Elle me faisait horriblement mal. Mes pas
m’avaient à nouveau amené devant le lac. Je m’écroulais sur l’herbe portant mes
mains à mon crâne, pleurant et gémissant de douleur. Je me réveillai en sentant
un corps chaud contre ma joue.
-
Comment vas-tu maintenant ?
Je m’écartais un peu de
l’homme en question pour mieux l’observer. C’était le garde du corps de la sorcière.
-
Seigneur Lan Mondragoran ? Qu'est-ce que vous faites là ?
L’homme sourit et sans
savoir pourquoi je me sentis rougir.
-
Je t’ai suivi, Kadaj. Mailène avait raison en disant que tes pouvoirs
commençaient à poindre.
Je voulus m’éloigner de
cet homme, mais ses bras m’entourant la taille m’en empêchèrent. La panique
menaçait d’arriver.
-
Tu ne me crois pas, Kadaj ?
-
Comment voulez-vous que je vous croie ? Je n’ai aucun pouvoir.
L’homme émit un petit
rire qui me fit trembler.
-
Oh ! Si tu en as un ! Le plus puissant que les Sorcières n’ont pas rencontré
depuis des siècles. Il semblerait que tu aies hérité des pouvoirs masculins et féminins.
L’inconvénient, c’est que les Sorcières ne peuvent t’enseigner à maîtriser que
la part féminine. La part masculine est maudite et de toute façon, seul un
Sorcier pourrait t’enseigner cette partie.
J’eus l’impression que
mon mal de tête allait refaire surface.
-
Alors, il suffit de trouver un sorcier pour me l’enseigner.
Le garde leva une main
et caressa de l’index mon menton. Son regard vert était doux et triste à la
fois.
-
Tous les sorciers existants dans ce monde sont voués à la mort. Il y a
plusieurs siècles de cela, les sorciers ont vendu leur âme à une porte. C’est
une porte dimensionnelle, elle se nomme porte de Kréos. Elle les séduit et
aspire leur âme magique. Plus elle devient puissante et plus elle détruit le
monde. Les Sorcières se sont liguées contre
la Porte
, beaucoup périrent, mais finalement, elles
gagnèrent le combat. Le seul hic de l’histoire, c’est que tout homme possédant
des pouvoirs magiques finit par tomber dans la folie et devient un danger pour
le monde.
-
Alors suis-je condamné à devenir fou ?
Je n’eus pas le temps
d’entendre la réponse, car mon mal de tête recommença. Je réussis à formuler.
-
Est-ce que je commence à devenir fou ?
Les grandes mains de Lan
se posèrent de chaque côté de mes tempes et approchaient mon visage du sien. Je
l’entendis répondre.
-
Non, une porte de Kréos vient de s’ouvrir. Elle essaie de t’appeler, mais ton âme
refuse. C’est pourquoi tu as mal. Mais ne t’inquiète pas, nous allons faire en
sorte qu’elle ne t’ennuie plus aujourd’hui.
Sa bouche s’empara de la mienne et je
sentis sa langue chaude titiller la mienne. Je répondis à son invite, car le
simple fait qu’il m’embrasse et mon mal avait fui. Une de ses mains s’évadait
sous ma chemise et rien que de sentir sa chaleur, mon corps s’enflammait. Je ne
me rendis même pas compte que Lan me déshabillait tellement mon esprit était
emprisonné par le plaisir que la bouche de cet homme procurait sur mon corps.
Je ne pus retenir un gémissement quand il me mordilla mes tétons durcis par le
plaisir. Sa main descendit plus bas et commença le va et viens sur mon pénis tendu.
C’était étrange cette sensation. Ne plus savoir qui nous sommes, où nous
sommes. C’était un bien étrange. Je perdis à nouveau la tête quand sa main fut remplacée
par sa bouche. J’allais venir, mais d’un geste précis, il m’en empêcha. Il se
redressa au-dessus de moi. Il souriait. Il m’embrassa à nouveau, avant de me
retourner. Il me pénétra en douceur. Cela n’empêcha pas de ressentir la
douleur, mais pas la même que celle ressentit peu de temps avant, car celle-ci
s’évanouit vite pour laissait place à un plaisir inégalé et une jouissance des
plus totales.
Quand je me réveillais, il faisait
encore nuit. Lan Mondragoran, toujours torse nu, regardait le ciel étoilé, me
tournant le dos. Grâce à la lumière de la lune, je pus admirer son dos
magnifique. C’est à cet instant que je l’aperçus. Cette tache de naissance en
forme d’épée ! La même que celle que portait mon père au bas du dos.
C’était impossible ! Le destin pouvait jouer de sacré mauvais tour.
Un jour, mon père m’avait
raconté que des années auparavant, il se trouvait être le deuxième fils du très
grand Roi Aneskos du défunt Royaume de Malkier. À la mort de celui-ci, le fils
ainé prit la royauté en son pouvoir. Non seulement cet homme se révéla un très
mauvais roi et en plus, il osa prendre pour femme, la fiancée de son jeune
frère Bramelone. Il se mit à dos tous les autres Royaumes et le Malkier
commença à tomber dans le déclin. Dans la même période, une porte de Kréos
s’ouvrit et le malheur s’abattît sur les Malkériens.
La Reine
, malheureuse, se
tourna vers son premier amour et de leur liaison, naquit un garçon. Le Roi,
trop préoccupé à faire l’imbécile, ne se rendit jamais compte que sa femme
l’avait trompé.
La Reine
Margote
,
sentant la mort prochaine de son pays adoré, décida d’envoyer son fils dans une
très lointaine contrée, dans un pays neutre où il pourrait survivre. Le Roi et
la Reine
furent assassinés peu
de temps après et Bramelone fut accusé du crime. Il s’enfuit de Malkier après
avoir détruit
la Porte
grâce à une épée magique. Il disparut à jamais. Il abandonna son nom, il vécut
en mendiant tout en fuyant les Sorcières et les gardes.
Il finit par pénétrer dans le désert.
Pensant pouvoir y mourir tranquille, mais ce ne fut pas le cas. Il se fit
arrêter par les hommes de main de
la Reine
Mirnia.
Celle-ci décida d’en faire son époux. La coutume voulait
que les hommes prennent le nom de leur épouse. Ce fut ainsi que Bram Meedon
était né. Quelques années plus tard, il dut à nouveau quitter le désert, sa
nouvelle patrie, avec son jeune fils alors âgé de quatre ans. D’après ce que
Lan m’avait dit, il se pourrait bien que mon père savait pour mes pouvoirs. Le
Royaume du désert était contre la magie. Toutes personnes possédant, une once
de magie était tuée. C’était dur à admettre que ma propre mère aurait été
capable de faire une telle chose. Que dois-je faire ? Dois-je lui dire que
sa marque de naissance montrait qu’il était surement le premier fils de mon
père ? C'est-à-dire mon demi-frère ?
-
Qui a-t-il Kadaj ? As-tu mal ?
C’est vrai que mon corps
me faisait un peu souffrir, mais ce n’était pas vraiment à cause de cela que
j’avais vraiment mal.
-
Dis-moi Lan, cette tache de naissance, tu sais ce qu’elle représente ?
-
Oui, dans la logique des choses, je ne suis pas vraiment un garde de corps. Je
suis en réalité le Roi de Malkier. Mais vu que mon Royaume est complètement
détruit et que tous les habitants ont disparu. Je suis sans toit. Je ne savais pas trop quoi faire alors j’ai décidé
d’être le garde de Mailène. Cela fait dix ans déjà.
Je le vis se pencher à
nouveau vers moi et annonça :
-
Toi aussi, tu vas devoir faire un choix. Tu auras mal, mais tu devras le faire,
mon petit Kadaj, car si tu ne le fais pas, tu risques que ton charmant village
disparaisse tout comme le Malkier.
Il m’embrassa à nouveau et je le
laissais faire. Les larmes coulaient à flot sur mes joues. J’avais très bien compris.
Je devrais quitter mon village, mes amis, mon père. Tout, je devrais tout
laisser. Je ne pourrais plus jamais revoir le doux sourire d’un jeune garçon de
treize ans espiègle. Si je devenais fou comme tous ces sorciers, je leur ferais
du mal et ça, je ne le permettrais jamais.
Alors, c’est avec le cœur lourd que
deux jours plus tard, je quittais mon village avec
la Sorcière
Mailène,
accompagné de son garde Lan, mais aussi d’Anissa et de Manny. Les deux filles
semblaient elles aussi avoir des pouvoirs et Mailène voulait les emmener à Jars
pour qu’elles puissent étudier sans crainte de blesser quelqu’un. Moi,
qu’allait-il m’arriver ? Je n’en savais rien. Mais mon instinct me disait
que même si je pouvais avoir confiance en Mailène, les autres, je devrais m’en
méfier comme de la peste.