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Origine1975
17 janvier 2022

Tome 8 : Chapitre 60

Rafaël se trouvait dans le salon avec Carlin avec qui il discutait d’art quand il apprit l’explosion à l’hôpital à la télévision allumée. Il blanchit et il ne fut pas le seul en apercevant l’effroi dans le regard du peintre, mais ce dernier reprit vite ses esprits. Il tenta de calmer son jeune interlocuteur. Ils n’eurent pas longtemps à attendre avant d’avoir des nouvelles de la part de Léon présent. Le policier expliqua la situation très calmement, précisant que Michio et sa famille étaient en sécurité. Dès qu’il aurait le feu vert, il les emmènerait là-bas. 

Les heures suivantes semblèrent ne pas avancer d’après Rafaël. Il s’était à nouveau isolé dans la serre où il s’y sentait bien. Pendant combien de temps s’y trouvait-il quand finalement il sentit une présence derrière lui ? Il sursauta avant de se tourner d’un coup. Ses yeux s’agrandirent en apercevant la femme, habillée de rouge de la tête aux pieds. Il ne pouvait que la reconnaître. C’était Red’Line, la vraie, celle qui l’avait aidé à empêcher de sauter dans le vide. Cette dernière gardait un visage impassible, mais sous ses dehors froids, Rafaël arrivait à lire un peu en elle. Elle semblait hésitante. Pourquoi ? Elle finit par prendre la parole :

— Je… je ne sais toujours pas pourquoi je suis venue, sûrement que j’ai eu la mauvaise idée de m’attacher à toi. 

Elle esquissa un léger sourire un peu triste. 

— Dommage que je ne t’ai pas connu à l’époque avant que je tombe sous la coupe de mon père, reprit-elle. Et je ne sais pas si ce que je vais te raconter est une bonne idée. Tu vas finir par me détester.

Le garçon ouvrit la bouche pour réfuter, mais il préféra garder le silence. Red’Line avait besoin de parler.

— Je suis né homme, mais en grandissant je ne me sentais pas bien dans ma peau. Mon père se nomme Allan Hatnett. C’était un monstre. Je l’ai appris au fil du temps. Il est l’un des créateurs de la drogue rouge dragon. Avec ses collègues, ils se sont amusés avec la vie de gens pendant de longues années. Je fus un de ses cobayes. Je suis alors devenu, comme lui, un monstre. 

Red’Line bougea et se rendit près d’une plante qu’elle caressa la feuille. Elle cherchait ses mots. Ces évènements remontaient tellement loin. Elle reprit :

— Je voulais tellement lui plaire alors j’ai subi tout ce qu’il fallait pour devenir une femme à part entière. Mais même ça, il s’en moquait, mais il a compris ainsi qu’il pourrait faire de moi ce qu’il voulait. Je lui obéissais sans poser de question, je voulais juste qu’il me voie, qu’il m’accepte. Maintenant, je me rends compte à quel point, j’ai été vraiment stupide. J’ai tué pour lui, beaucoup furent de jeunes hommes de ton âge, Rafaël. 

Elle lui jeta un coup d’œil, mais elle ne remarqua aucun changement dans les traits du garçon. Il l’observait en attente de la suite. Quel étrange gamin !

— Luce, le père de ton amoureux, a bel et bien failli mourir de ma main. J’ai voulu le vider de son sang impur d’après les dires de mon père. Mais ma folie, c’est arrêté ce jour-là. Je fus condamné à vie à la prison. L’avantage d’avoir été jugé en France, il n’y a pas la peine de mort. Mais, avoir été incarcéré m’a aidé à retrouver mes esprits. Je me suis rendu compte de l’ascension de mon père sur moi. Et j’en étais délivré. Quand un assassin est venu pour me faire taire sous les ordres de mon père toujours en liberté, j’ai su ce que je devrais faire. 

Elle se tourna vers le garçon. 

— Je l’ai cherché, je l’ai trouvé et je l’ai tué. J’aurais pu me rendre, mais la liberté me tendait la main alors j’ai décidé de la saisir. Je savais qu’un jour ou l’autre la mort serait au rendez-vous. Alors, j’ai joué avec les forces de l’ordre pendant un temps, puis je me suis enfoncé dans les pays en guerre. Là-bas, j’ai fait la rencontre de deux jeunes filles, Samira et Hannah qui m’ont regardé comme tu le fais, comme un être humain et non comme un monstre. Je voulais leur offrir le bonheur qu’elles n’avaient jamais pu connaître, mais une organisation en a décidé autrement. Ainsi sont nés Michio et Naël. Hannah, la mère de Naël, est morte. Une partie de moi est partie avec elle. Alors, avec Samira, nous avons élaboré un plan pour détruire cette organisation, ainsi est né Red’Line. La chirurgie coréenne est vraiment au top niveau n’est-ce pas ? Samira et Saphira sont devenus une seule et même personne enfin sauf quand nous sommes en présence de l’une et l’autre. Mais cela, tu l’avais remarqué, n’est-ce pas ? 

Rafaël hocha la tête. Il avait vite remarqué les différences entre les deux. Samira était moins froide et plus remuante. 

— Pourquoi me raconter tout cela, Red’Line ? Je me suis toujours douté que votre passé ne devait pas être glorieux. Il est certain que j’aurai eu peur de Saphira, mais vous êtes Red’Line et c’est ainsi que je vous ai connu. Et même si vous devez vous demander pourquoi vous m’avez aidé, pour moi, vous restez celle qui m’a sauvé. Sans vous, je serais encore sous les coups de mon père, voir mort à l’heure qu’il est. 

La femme s’approcha du garçon et lui caressa la joue avec une tendresse qu’elle ne se soupçonnait pas. Rafaël la regarda de son regard bleu nuit avec une totale confiance. 

— Je vais enfin combattre cette organisation, Rafaël. Je vais détruire ces hommes, ces femmes qui osent jouer avec nous, avec nos vies. Je sais très bien que je ne reviendrais pas en vie. Je ne les parais pas, mais j’ai une soixantaine d’années. Et même si je vais être aidé par un groupe très puissant, je ne vais pas m’en sortir. Je voulais juste faire mes adieux. Rafaël ? Prends la vie par la main et n’aie pas peur d’elle. Elle pose des obstacles pour te faire grandir à toi de les surmonter ou pas. 

S’agenouillant devant lui, elle posa ses mains sur chaque joue et déposa un baiser sur son front. Rafaël ferma les yeux. Il se souvenait que sa mère lui faisait souvent ce geste. 

— J’ai appris pour ton père. Si tu te retrouves devant lui, montre-lui à quel point tu es devenu fort. Montre-lui que le déchet dans l’histoire, c’est lui et pas toi. Prends bien soin de tes petites sœurs et de Michio. Adieu, Rafaël. 

Le garçon resta assis sur le banc, laissant couler les larmes sur ses joues. C’est ainsi que le retrouva Léon. Le policier le regarda en silence pendant un moment avant de regarder autour de lui. Il était certain qu’une présence se trouvait dans ses lieux quelques minutes auparavant, mais Carlin l’avait empêché de rejoindre Rafaël, affirmant qu’il ne risquait rien. Rafaël frotta ses joues, puis il releva la tête vers l’homme et demanda : 

— Est-ce qu’on peut enfin se rendre à l’hôpital ?

Léon mourrait d’envie de savoir ce qui s’était passé pour rendre le garçon si triste, mais il préféra garder pour lui. Il secoua la tête. 

— Oui, tout danger est écarté. Michio et sa famille vont très bien. Je vais t’accompagner. 

 

Le trajet pour se rendre à l’hôpital ne prit pas très longtemps. Carlin se trouvait à côté du siège passager et comme à son habitude, il dessinait dans un carnet à dessin tout en discutant avec Léon. Rafaël se rappelait que le peintre avait la phobie de la voiture depuis de très longues années. Le garçon, lui, gardait le silence. Il repensait à sa rencontre avec Red’Line. Il n’avait pas pu lui dire à quel point il avait été heureux de l’avoir connu. Certes, elle avait commis des actes impardonnables, peut-être cherchait-elle à se racheter ? Mais sans elle, qui s’occuperait de cette organisation ou qui l’aurait découvert ? Et puis, Naël et Michio avaient eu une vie bien meilleure grâce à elle également. 

Il sursauta presque quand la voiture s’arrêta à un emplacement sur le parking de l’hôpital. Carlin n’attendit pas pour descendre. Il avait repéré son fils Luce qui patientait devant l’entrée. Il le rejoignit rapidement. Rafaël et Léon arrivèrent plus lentement. Ils regardaient le bâtiment qui ne semblait pas avoir eu de dégât. Luce dut comprendre leur regard. Il expliqua :

— Les dégâts sont à l’intérieur au niveau de la salle d’attente. Il n’y a eu que des blessés sans gravité même si je pense que ces hommes auraient aimé plus de saccage. D’après les experts en déminage, la bombe avait un défaut. Heureusement qu’ils ont agi rapidement, car elle aurait pu exploser une deuxième fois. 

Plissant les yeux, Carlin demanda :

— La police avait-elle connaissance de ce qu’il se passerait quelque chose ou quoi ? Ils sont trop bien organisés sur le coup, je trouve. 

 — Pas très sympa pour nous, Carlin. Nous ne savions pas ce qui allait se produire, mais nous savions qu’un danger allait avoir lieu. Nous avons juste misé sur le cauchemar de quelqu’un. 

— Pardon ? Interloqua le peintre.

— Dites je m’en fous que ce soit organiser ou pas, je veux juste aller voir Michio. Où est-ce que je peux le voir ? s’exclama Rafaël, impatient. 

Luce sourit. Après tout, ces évènements ne concernaient pas les jeunes gens. Il lui indiqua alors le numéro de chambre. Rafaël n’attendit pas plus longtemps. Il s’éclipsa du groupe pour filer vers les ascenseurs, mais ceux-ci semblaient bien trop lent à son goût. Il jeta un coup d’œil vers les escaliers et il décida de prendre ce chemin. Son cœur battait la chamade. Il avait hâte de revoir son diablotin qu’il n’avait pas vu depuis bien trop longtemps, mais une autre sensation le tenaillait. Le souvenir de l’attaque dans les escaliers du lycée où il avait fait une chute qui aurait pu être mortelle lui revint en mémoire. Pourquoi maintenant ? Rafaël le savait. Il montait seul des escaliers qu’il ne connaissait pas. 

Quand enfin, il arriva à l’étage voulu, il jeta un coup d’œil derrière lui et une sorte de vertige le prit. Il s’accrocha au mur. Il ferma les yeux et il se secoua un bon coup. Il n’allait pas laisser ce souvenir le nuire maintenant. Il regarda ensuite dans le couloir. Des infirmiers le traversaient rapidement tout en discutant. Rien n’indiquait qu’il y avait eu un problème quelques heures plus tôt. Il prit la direction de la chambre et il hésita un instant avant de frapper. Il entendit alors la voix de son diablotin un peu éraillé. Il frissonna au son. Il ouvrit la porte et resta un instant interdit. Michio se trouvait devant lui au centre de la pièce. Il était habillé d’un jean et d’un simple tee-shirt, mais ce qui choqua Rafaël était la maigreur de son diablotin. Il croisa alors le regard d’un noir profond, mais tellement lumineux à la fois. Michio affichait un sourire, légèrement moqueur. Ce dernier finit par dire :

— Est-ce que je t’effraie à ce point, mon pirate ?

Rafaël se remua d’un coup et fonça vers le jeune venant de parler le prenant dans ses bras. Que cela faisait du bien de le sentir à nouveau contre lui ! Michio entoura la taille de son amoureux et posa sa tête sur son épaule. 

— Tu m’as terriblement manqué, murmura Rafaël.

– À moi aussi. Mais, j’ai gagné Raffy. Je suis arrivé à dompter mon empathie. 

Se reculant un peu, Rafaël entoura les joues de son diablotin de ses mains et posa ses lèvres sur les siennes avec tendresse. Michio répondit au baiser tout en s’agrippant à la chemise de son amoureux. Un peu plus tard, assis sur le lit, la tête posée sur l’épaule de Rafaël, Michio raconta comme il put ce qu’il avait enduré même si ce n’était pas évident à mettre des mots. 

— J’ai souvent eu l’impression de me perdre dans un labyrinthe sans fin. Heureusement que Jian était là pour m’aider à regagner la surface. Tu as dû le rencontrer, non ? 

— Oui, j’ai un peu discuté avec lui. C’est un étrange spécimen. Il impressionne. Toi qui disais avoir du mal à te faire des amis, on dirait bien que tu y arrives maintenant. Tu as réussi avec Daegan, maintenant avec ce chinois. Et tu es parvenu en restant toi-même, expliqua Rafaël.

— C’est grâce à toi. Tu es mon porte-bonheur. 

Rafaël se mit à rire, se sentant presque rougir.

– N’importe quoi. C’est plutôt l’inverse, tu es mon porte-bonheur Michio, et ce depuis notre première rencontre. 

— Alors nous le sommes pour chacun de nous. Oh ! C’est vrai. Je n’ai pas revu Naël, mais je sens qu’il est serein intérieurement. Alors, il est bien avec ce mécanicien, je ne me trompe pas ? 

Rafaël se mit à rire et hocha la tête. 

— Non, tu ne te trompes pas. Il s’échappe du lycée toujours avec empressement et si on lui parle d’Aden, il rougit comme un coquelicot. Trop mignon. D’ailleurs, tout le monde a passé le cap. Daegan est bel et bien en couple avec Sven, Rolan a cédé face à Léon. Nathan se rapproche beaucoup de Zoran. Dorian sort avec Luna et maintenant, Naël est avec Aden. 

— Aaaaaah ! J’en ai raté de ces choses, s’exclama Michio en se laissant tomber en arrière sur son lit. 

Michio jeta un coup d’œil vers son amoureux en silence un moment. 

— Qui y a-t-il, Michio ? 

— Alors pourquoi as-tu un petit air triste ?

Rafaël cligna plusieurs fois des yeux de surprise avant de laisser échapper un petit rire, un peu gêner. 

– J’ai eu la visite de Red’Line. Elle m’a fait ses adieux. Je crois que j’avais pris l’habitude de la voir apparaître sans prévenir, mais elle ne le fera plus. Ça me rend triste. 

— Elles étaient bien deux, n’est-ce pas ? L’une d’elles était ma mère biologique.

Rafaël se tourna vers son diablotin, stupéfait. 

— Tu le savais ? 

— Chaque fois que je les ai sentis, elles n’avaient pas la même essence spirituelle. Et parmi l’une d’elles, son essence était la même que la mienne, enfin très ressemblante tout comme j’en ai une aussi avec grand-père Carlin.

— N’as-tu jamais voulu lui parler ? demanda Rafaël en rejoignant son petit ami sur le lit, le prenant dans ses bras.

Posant sa tête sur l’épaule de Rafaël, Michio avoua :

– Non. Je n’ai rien contre elle. Je ne lui en veux pas non plus. Son choix de nous abandonner était judicieux. Nous n’aurions pas eu la vie que Naël et moi menions. Mes parents sont Erwan et Luce. Je n’ai aucune rancœur contre Samira. Je lui souhaite de trouver un jour le bonheur et la rédemption tout comme à Red’Line ou devrais-je dire Saphira ? Aaaaah !

Michio se redressa et se mit debout. Il tendit la main à son pirate. 

— Ça fait très ringard de dire ça, mais j’ai la dalle ! Tu m’emmènes où il y a de la bonne nourriture. Et pas question d’aller à la cantine de l’hôpital, ce n’est vraiment pas bon. 

Rafaël se leva à son tour en riant, puis il attrapa la main de son diablotin. 

— T’es sûr que tu as le droit de sortir ? 

— On prend le gauche, après tout nous sommes de petits garnements qui n’en faisons qu’à leur tête. 

Tout en se mettant à rire, Rafaël ouvrit la porte de la chambre. Après tout, la vie était bien trop courte autant la prendre à pleine dent.

 

Un peu plus loin, près d’un couloir, un homme de taille moyenne aux muscles trop voyant jeta un regard haineux vers le couple d’adolescents. Il eut un sourire mauvais. Il ferait payer à Rafaël tout le temps qu’il avait passé en prison et lui retirerait cette joie morbide de son visage pour toujours. 

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Commentaires
S
Mhoooon mais ça fait trop du bien de revoir Mimi et Raffy se retrouver ! Tellement chou >w< <3<br /> <br /> J'espère tout de même que Saphira ne mourra pas ^^' Ca serait vraiment dommage qu'une femme aussi emblématique parte...<br /> <br /> Par contre, pour la fin, j'ai peur, j'avoue ^^'
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