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Origine1975
25 septembre 2020

Heartshaped Abyss : Chapitre 8

Capture d’écran 2020-09-25 à 16

Capture d’écran 2020-09-25 à 16

Russie :

       Avec effort, le jeune corps endolori se leva de son lit en grimaçant. Hier soir, il n’avait pas répondu assez vite à son père. Il avait eu le droit à un tabassage complet. Il n’en pouvait plus. Depuis deux ans et demi, depuis la disparation de son oncle Yakov, son père avait amplifié sa violence, aussi bien contre sa mère, sur ces victimes ou lui-même. 

 

       Se trainant jusqu’à la salle de bain, Khasan évita de se regarder dans la glace prévue à cet effet. Il retira, toujours en grimaçant, son pyjama et le laissa tomber sur le sol. Malgré ses quatorze ans, il avait toujours un corps chétif et maigrichon. Il soupira. Son père n’arrêtait pas de lui balancer à coup de taloche à quel point il était laid. Il faisait honte à la famille Raskin. 

 

       Khasan ouvrit le robinet de la douche et attendit que l’eau chaude arrive. Mais, celle-ci ne vint jamais. Nouveau soupire. Son père avait dû lui couper l’eau chaude pour le punir comme à son habitude. Avec un énième soupir, le jeune garçon entra sous l’eau glaciale. 

 

       Il prit sa douche très rapidement. Quand il en ressortit frigorifier, il ne fut pas surpris de voir le majordome Jablokov lui tendre une serviette, avec un petit sourire triste. Avec sa mère, c’était la seule personne a lui donné une certaine affection. Khasan trouvait que l’homme prenait beaucoup trop de risque pour lui. Il s’en voulait, d’ailleurs. 

 

— Merci, Jablokov. 

 

— Mais, de rien, jeune maître. Votre père a annoncé qu’il s’absentait pour plusieurs jours. Vous allez pouvoir profiter de votre mère. 

 

       Le garçon leva les yeux brillants, vers le majordome. Il était ravi de cette nouvelle. Ces derniers temps, son père s’absentait très souvent. Bon le revers, c’est qu’il subissait deux fois plus de violence à son retour. Khasan s’habilla rapidement, tout en songeant à son oncle Yakov. 

 

       Il détestait l’homme jusqu’à la moelle, mais sa disparition lui semblait tellement étrange. Son père avait tout fait pour tenter de le retrouver, mais rien. Il avait juste appris que les affaires de son frère avaient mal tourné. Il avait dû fuir la police grecque. Depuis, c’était comme s’il avait disparu de la surface du monde. Était-il mort ? Khasan secoua la tête. Ce n’était pas le genre à se laisser mourir. S’il avait disparu, c’était son choix. 

 

       Khasan soupira tout en secouant la tête. Pourquoi se posait-il des questions au sujet de cette pourriture ? Le monde s’en porterait bien mieux sans cette tâche. Fort de cette constatation, Khasan commença à se diriger vers l’étage de sa mère. 

 

— Ne voulez-vous pas prendre votre petit déjeuner, auparavant, jeune Maître ?

 

       Le garçon s’arrêta net. Il avait oublié. Changeant de direction, le majordome émit un léger rire. Son jeune maître, tellement ravi de voir sa chère mère, en avait failli oublier de manger. Il avait réussi à négocier avec le cuisinier pour faire des crêpes. En apercevant la nourriture, un sourire lumineux éclaira le visage du jeune adolescent. 

 

       Jablokov croisa le regard du cuisinier. Les deux hommes se sourirent. Voir le jeune maître sourire comme un bienheureux était tellement rare. Pour le coup, il apparaissait plus jeune que son âge. 

 

       Khasan s’installa à table et se mit à dévorer son assiette avec un réel appétit. Il devait en profiter. Rares étaient les occasions où il avait le droit à ce festin. Après s’être resservi trois fois, il finit par se lever. Il remercia évidemment le cuisinier pour ce repas copieux. Puis, d’un pas plus léger, il grimpa les étages pour rejoindre la seule personne dont il chérissait plus que tout. 

 

       Ivanna observait le ciel par la fenêtre de sa prison. Son regard était vide de toute expression. Avait-il seulement encore de la vie dans ces magnifiques yeux couleur d’orage ? Son corps la faisait atrocement souffrir depuis quelques jours. Elle savait qu’elle ne pourrait plus tenir très longtemps. Elle toucha légèrement la vitre froide. Elle l’avait vu dans le regard de son mari, la veille. 

 

       Elle eut un sourire amer. Il l’avait maintenu en vie jusqu’à maintenant pour avoir sa chance. Pourquoi avait-elle eu cette malédiction ? Si pour certains, son don avait un sens, elle n’en comprenait pas la raison. Pourquoi portait-elle chance à l’homme avec qui elle était liée par les liens du mariage ? C’était incompréhensible.

 

       Gavrie lui avait fait subir tellement de choses. Il n’avait pas passé une seule journée sans qu’il ne vienne la battre, la violer. Parfois, il emmenait des associés. Il les regardait ensuite s’amuser avec sa jeune épouse. Mais, c’était fini. Son corps allait bientôt lâcher. Avec l’aide de Jablokov, Ivanna avait fait des recherches. Après d’innombrables recherches, elle avait fini par trouver une histoire, très ancienne. 

 

       D’après les dires, si la femme mourait simplement après quinze années de mariage, la chance ne quitterait jamais le foyer. Par contre, si la femme intentait à sa vie, après le même nombre d’années, la malchance s’abattrait pour quelques années. Ivanna avait longuement réfléchi depuis ce jour. La conclusion venait enfin de faire jour dans son esprit. Elle s’y était préparée et ce serait pour bientôt. Elle serait enfin libérée de ces chaines. Son seul regret serait pour son fils. Mais, elle espérait ainsi pouvoir lui briser ces chaines par son acte désespéré. 

 

       Elle entendit la porte s’ouvrir. Elle tourna alors la tête vers l’endroit. Le plus beau sourire apparut alors sur ses lèvres et ses yeux reprirent vie. Pour l’instant jusqu’à ce jour fatidique, elle allait profiter un maximum de son fils. Elle tendit les bras et son fils s’y jeta avec un réel plaisir. Elle le serra contre elle malgré les douleurs persistantes dans tout son corps. Elle ne montra rien. 

 

       Jablokov, toujours présent dans la chambre, observa la scène avec un regard admiratif. Il était devenu le Majordome à la suite de son père, lui ayant légué la charge de la famille Raskin. Jablokov avait toujours vécu dans cette optique. Il avait dû apprendre à fermer les yeux face à la cruauté de cette famille Raskin, comme son père avant lui. 

 

       Celui-ci mourut quelques années après la venue d’Ivanna Lazarev. Sur son lit de mort, son père lui avait conseillé de veiller sur elle, sans se mettre en danger pour autant. Il lui avait aussi avoué avoir longtemps regretté de n’avoir rien fait pour le plus jeune fils Raskin. Pour lui, si Yakov était devenu ce monstre, c’est qu’il n’avait pas eu la chance d’avoir un allié invisible. Afin que le même destin ne se reproduise à nouveau, son père lui avait fait jurer de veiller sur la progéniture et le moment venu, d’aider. 

 

       Pourquoi maintenant ? Son père ? Voulait-il se racheter de toutes ces années de silence, contre cette violence gratuite ? En vrai, il était impossible de se rebeller contre ces monstres. Ils gagnaient toujours. Jablokov posa les yeux sur la mère et le fils avant de se détourner pour quitter les lieux. 

 

       D’un pas las, il se rendit dans sa propre chambre. Il avait encore des choses à faire avant le drame n’ait lieu. Bientôt, la roue tournerait pour les Raskin. Jablokov, de son prénom Dimitri, porta une main à son visage fatigué, usé aussi. Il fut surpris d’y voir une larme. Il regarda sa main, halluciné. C’est vrai. Pour que la roue tourne, une innocente partirait. 

 

 

       Japon :

       D’un geste rapide, le coup partit, atteignant le visage de son adversaire le mettant KO, avant de se tourner rapidement vers le suivant, en lui filant un coup de pied dans le ventre. Il jeta un rapide coup d’œil à l’arrière et il eut un sourire. Finalement, Kaemon n’était pas un empoté. Il savait très bien se battre lui aussi.

 

       Ils avaient eu de la chance. Aucun adulte ne se trouvait dans les parages pendant tout le temps de la rixe. Pourtant, c’était quand même un lieu résidentiel. Les habitants devaient tous travailler ou alors, préférer garder leur tête dans un trou et faire comme si tout allait bien. Et oui, certains pensaient réellement vivre dans un monde de bisounours. Pathétique. 

 

       En peu de temps, les lycéens se sauvèrent avec la honte en eux, profondément ancrée. Ils venaient de se prendre la plus belle dérouillée par deux adolescents de quatorze et douze ans. Ryosuke fronça quand même les sourcils. Pourquoi son ami, plus jeune, avait-il une tête de plus que lui ? C’était inadmissible. 

 

— Quoi ? s’exclama Kaemon, en se redressant et surprenant le regard de Ryo. 

 

— Rien. Je me demandais juste ce que tu avais bien pu manger pour grandir aussi vite. L’année dernière, je te dépassais encore. 

 

       Kaemon eut un sourire en coin, amusé. Comment en était-il venu à parler normalement avec le fils de Takafumi Hirotaka ? Deux ans auparavant, il l’aurait bouffé sa race, tellement il le mettait régulièrement en colère. Il l’énervait en tout et surtout à cause de son comportement de merde, il devait subir ensuite la violence de son père, car il faisait mal son travail.

 

       Ryosuke était apparu dans le dojo. Kaemon s’y trouvait, en larme après avoir subi les coups. Masahiro ne l’avait pas battu à coup de poing, non avec le katana. Il lui avait proposé un combat. Mais, comment combattre un monstre comme son père avec ce bâton ? Chaque coup reçu était vrai et puissant. Même encore maintenant, il se souvenait encore de la douleur. Pourtant, Kaemon ne haïssait pas son père. 

 

       Ryosuke s’était platement excusé. Kaemon, alors de rage, lui avait jeté le bâton. S’il voulait s’excuser, alors il devait accepter un combat de kendo. Ryo en avait été surpris. Il ne savait pas vraiment s’en servir. Ça ne l’avait intéressé pas jusqu’à maintenant. Mais, en se battant avec Kaemon, une certaine libération s’était faite. Les deux garçons avaient fini en nage, et en fou rire. 

 

       Masahiro était revenu, leur avait jeté une serviette avec ordre d’aller se changer immédiatement. Il avait aussi ordonné à Ryosuke de venir au dojo tous les matins, vers six heures. L’homme de main de son père avait observé son fils et le jeune maître. Il ne pouvait pas laisser un diamant brut se couler douce. Il aurait aimé avoir son propre fils comme disciple, mais il savait bien que son fils n’appréciait pas le kendo à sa juste valeur. Peut-être en serait-il différent avec le fils de son patron ? 

 

— Je ne fais pas le difficile et je n’écarte pas les légumes que je déteste. En récompense, ma taille a augmenté. A Moins, que tu t’es ratatiné à force de recevoir les coups de père, expliqua Kaemon, à moitié pour rire. 

 

— Tu crois ? C’est vrai que ton père cogne fort et après, ils nous forcent à aller en cours au pas de course. Ce n’est pas juuusssttteee ! 

       Kaemon se mit à rire. Il se rendit sur le trottoir pour récupérer son sac et celui de son camarade. Et comme si de rien n’était, ils reprirent la route pour rentrer chez eux, mais avant, ils devaient récupérer Rieko. Elle se trouvait toujours en primaire. 

 

       Ryosuke attrapa son sac tendu par son camarade. Il le jeta sur son épaule, avant de remettre sur sa tête son bonnet. Depuis quelque temps, il avait décidé de laisser ces cheveux poussés comme Kaemon, d’ailleurs. Mais comme son père râlait un peu trop, il acceptait de les remonter en chignon pour l’école. Il soupira. Son père avait changé en revenant de Grèce. Il semblait plus serein, plus tranquille. D’ailleurs, il le disputait beaucoup moins. 

 

       Un des hommes du clan lui avait raconté la rencontre avec un couple chinois dont le charisme avait séduit le maître. Takafumi leur avait beaucoup parlé. Pour Ryo, c’était une surprise. Il n’avait aucun souvenir d’avoir vu son père ami avec une autre personne, à part peut-être Masahiro. Mais, il y avait toujours ce côté employeur, employé.

 

       Il avait fini par en parler avec Masahiro lors d’un entraînement le matin. Il avait eu beaucoup de mal à le faire parler le bougre. Cet homme faisait exprès de le mettre en colère tôt le matin, c’était abusé. Déjà la première fois, il n’avait pas réussi à se lever. Masahiro était entré dans la chambre et l’avait sorti du lit en l’éjectant. Quelle brute ! Et sa sœur rigolait. 

 

       Après avoir reçu plusieurs coups violents qu’il n’avait pas pu éviter, il eut enfin ces réponses. Son père avait été en Grèce pour enquêter sur la disparition de quelques enfants du clan. Ryo en avait été horrifié. Il n’avait rien remarqué. Réplique de Masahiro : « Vous étiez trop imbu de vous-même pour vous en apercevoir. Trop concentré sur votre nombril, il est clair que vous ne verriez rien. »

 

       Il n’avait absolument pas tort. Mais à l’époque, il avait tellement de colère en lui. Il en avait toujours d’ailleurs. Elle était là, enfouie. Mais pour une raison inconnue, il arrivait à la maintenir. Était-ce grâce au kendo ? Masahiro lui avait également promis que s’il continuait à faire des progrès, il lui enseignerait l’art du katana. Il en avait hâte. 

 

       Donc en allant en Grèce, son père avait fait la connaissance d’un couple chinois, dont l’homme est une personne très puissante et faisant partir d’une triade chinoise importante. Ils avaient sympathisé et après avoir réussi, à sauver les enfants, les deux hommes s’étaient promis de travailler sur certains projets. 

 

       En fait, son père avait réussi un coup de maître en s’alliant avec une importante organisation afin de protéger son clan. Les autres clans ne pourraient pas l’attaquer aussi facilement comme ils auraient voulu. Ryo songea au clan de sa mère. Les Kobayashi n’étaient pas très appréciés par aucun autre clan, mais il était tellement puissant actuellement. Pour beaucoup, mieux valait éviter de s’en faire un ennemi. Soupirant, tout cela était encore bien trop compliqué pour Ryosuke. 

 

       Ils arrivaient enfin vers l’école. Rieko sortait de son établissement quand une voiture noire stoppa nette. Un individu en sortit rapidement et attrapa la gamine avant de regagner rapidement son véhicule. Un hurlement commun se fit entendre de tous les enfants ayant vu l’enlèvement. Ryo et Kaemon laissèrent leur sac en arrière, puis avec un cri de rage, ils se mirent à courir comme des damnés, derrière le véhicule. 

 

       Kaemon, ayant plus de souffle, poursuivit le véhicule, tentant de ne pas le perdre en visuel. Heureusement, c’était l’heure d’influence. Ryosuke, en retrait, attrapa son portable et fit le numéro d’urgence. Son père et Masahiro répondirent en même temps. Il leur signala l’enlèvement de sa sœur. Ensuite, il reprit sa course pour rejoindre au plus vite son camarade. Il était hors de question de perdre ce véhicule de vue. Il ne voulait pas perdre également sa sœur. 

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Commentaires
S
Mon pauvre Khasan... Qu'est-ce que ce connard t'as fait subir, encore... ? :( Malgré tout, je me sens un peu soulagée de le voir sourire, même si ce sourire sera effacer pour de longue années à venir...<br /> <br /> Ryôsuke m'a tué quand même à se plaindre d'être plus petit que son ami xD w<
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