Nash Dailey, le terrien
Chapitre 1
Année 2101 :
Le sapin s’illuminait de toutes ses guirlandes de lumières.
Les petits enfants s’émerveillèrent devant la multitude de cadeaux au pied de
celui-ci. Leurs parents les observaient, installés à la table de la salle à
manger, riant de leur joie si communicative.
Le plus jeune couple avait le regard fixé sur un magnifique
petit garçon de cinq ans, mais qui paraissait bien plus jeune à cause de son
aspect chétif, menu. C’était leur fils, le seul et l’unique. Lavinia Dailey
l’avait mis au monde à cinq mois et avec des complications. Les médecins lui annoncèrent
alors qu’elle ne pourrait plus enfanter.
Ils ne savaient pas non plus si l’enfant survivrait et si
c’était le cas, il pourrait être retardé mental. La jeune mère avait prié des
jours et des jours avec son époux pour sa survie. Leurs vœux furent exaucés.
Aujourd’hui était un jour plus spécial. Non seulement,
c’était Noël, mais également l’anniversaire de leur trésor. Calvin Dailey,
informaticien dans une grande firme de renom, âgé de vingt-sept ans, adorait sa
femme et son fils. Il vivait pour eux. Ils étaient sa raison d’être. Il passa
une main sous la table et serra celle de sa femme sur son genou.
Nash regardait son cadeau, plutôt encombrant, sous toutes
les coutures. Il n’était pas comme ses cousins, cousines. Ceux-ci déchiraient
rapidement le papier pour savoir ce qu’il y avait à l’intérieure. Nash, lui
trouvait plus amusant d’essayer de deviner ce que ses parents lui avaient acheté.
À un cri de joie sur sa gauche, le garçon releva la tête.
Une de ses cousines s’émerveillait devant son jouet, une poupée Barbie. Elle
s’extasiait à grand cri.
- Maman ! Maman !
Regarde ce que m’a offert le père Noël, cette année.
Nash secoua la tête, exaspéré de la stupidité de sa cousine.
« Le père Noël ? N’importe quoi ! Il n’existe pas, bécasse. Ce
sont les parents qui nous achètent les cadeaux. » Songeait-il, amusé.
Consciencieusement, il déballa son cadeau, en faisant
attention de ne pas déchirer son papier. Il entrouvrit le carton. Il hésita un
instant à ouvrir les pans. Il leva les yeux vers sa mère. Elle lui adressa un
sourire lumineux. Son regard s’émerveilla en regardant à l’intérieur. Un
ordinateur portable avec une imprimante incrustée, le pied ! Un petit cri
de ravissement lui échappa. Ses cousins l’entendirent et s’approchèrent de lui.
Ils jetèrent un œil à l’intérieur du carton et l’un d’eux s’écria :
- Hein ! P’Pa, ce n’est
pas juste. Nash a eu un ordinateur.
Robert Palmer, le frère de Lavinia regarda son fils, très
surpris. Le reste de la famille était dans le même état. Madame Rosie Palmer se
tourna vers sa benjamine.
- Mais, enfin, ma chérie, ce
n’est pas un cadeau pour un enfant de cinq ans. Il est beaucoup trop jeune.
Le petit garçon s’étant approché doucement se positionna
près de son père. Ses lèvres tremblaient. Le père le prit sur ses genoux. Nash
demanda d’une toute petite voix.
- Vous n’allez pas reprendre le
cadeau. Hein ?
Calvin jeta un regard noir à sa belle mère. Qu’elle s’occupe
de ces oignons, celle-là !
- Bien sûr que non, mon garçon.
Le sourire réapparut sur les lèvres de Nash. Amélie, une
autre de ses cousines, vint le chercher pour venir jouer avec eux, mais le
garçon refusa. Il préférait la compagnie de ses parents.
La petite famille Dailey ne s’attarda pas plus longtemps
chez les Palmer. Ils avaient un peu peur que des mots regrettables ne sortent
trop vite et ne fassent beaucoup de mal. Rosie Palmer observa sa fille
disparaitre dans la voiture de son mari. Après cinq ans et demi, elle
regrettait toujours d’avoir consenti à sa fille d’épouser cet informaticien.
Pourtant, ils avaient tout fait pour les séparer. Personne dans la famille
Palmer n’appréciait beaucoup Calvin Dailey.
Par la vitre de la voiture, elle aperçut la frimousse du
petit Nash. Un frisson la traversa. De ses six petits enfants, celui que Rosie
n’avait jamais hâte de revoir, était bel et bien le fils de sa fille Lavinia.
Nash l’effrayait, car il semblait ne pas être comme tous les autres enfants.
Elle savait également que sous cette carapace chétive, se cachait un monstre
d’une puissance à faire peur. Pour elle, son petit fils n’était pas humain.
Calvin démarra très rapidement. Dès qu’il perdit la maison
de vue, il respira beaucoup mieux. Il s’en voulait, mais il n’aimait pas du
tout la famille de sa femme. Il se tourna vers elle. Elle regardait par la
fenêtre. Elle était belle avec ses cheveux noirs et ses yeux bleus, pétillants
d’amour.
- Je suis désolé, ma chérie.
J’aurais tant aimé que pour une fois…
Lavinia posa une main sur la sienne et l’interrompit.
- Ce n’est pas grave. La seule
chose qui compte pour moi, c’est notre fils et toi.
Elle jeta un regard vers l’arrière et aperçut son petit
garçon allongé, sur la banquette, endormie. Elle sourit attendrie.
« Désert de Simpson,
territoire du nord, Australie. »
Le président de la fédération pénétra dans la salle de
réunion où tous les généraux s’y trouvaient déjà installés. Jeff Hikory était
un homme de grande taille, plutôt bien bâti, au visage anguleux et aux yeux un
peu bridés d’un vert lumineux. Il était classé dans la catégorie eurasienne. Il
était président de la fédération depuis un an à peine. L’ancien avait été
assassiné dans un attentat.
Il avait la charge de veiller sur le bien-être de ses
semblables sur tous les continents. En gros, il était le président de tous les
présidents à travers le monde. C’était un travail harassant et empêcher
également d’avoir une famille. Il le regrettait beaucoup d’ailleurs.
Il salua ces hommes et leur demanda la raison de cette
réunion la veille de Noël. Un homme, le général Bernio, expliqua :
- Nos satellites ont repéré
dans l’espace un objet volant non identifié, monsieur le Président.
Jeff leva un sourcil, fort surpris.
- Vous plaisantez ? Je
croyais qu’il n’y avait pas d’autre vie autre que la nôtre dans cette galaxie.
Enfin, c’est l’avis de nos experts.
Un autre homme prit la parole.
- Monsieur le Président,
l’univers est immense et il peut exister d’autres galaxies que la nôtre.
- Je n’en doute pas.
Premièrement où se trouve ce vaisseau ?
- Euh ! Le vaisseau se
trouve exactement près de la lune, monsieur le Président.
- Quoi ? Et ce n’est que
maintenant que vous m’en informez ?
Des pas précipités retentirent derrière la porte. Elle
s’ouvrit sur un vieil homme à la longue barbe grise.
- Bonsoir, Monsieur le
Président.
- Oui, oui, bonsoir Barclay.
Il fit un geste à ses hommes de main de le laisser passer.
- Monsieur le Président, de nos
écrans, nous avons constaté un changement avec le grand vaisseau. Il semblerait
que des vaisseaux plus petits viennent d’apparaitre. L’un d’eux vient même de
passer notre atmosphère.
- Quoi ? Mais, que
faites-vous donc ? Je suis affublé d’incapable ma parole. Où se
dirige-t-il ?
Barclay fut agité et répondit d’une voix un peu tremblante.
- Il vient de se matérialiser
juste au-dessus de la ville la plus proche d’ici.
- Vous ne pouviez pas le dire
tout de suite !
« Mesdames, Messieurs, ici Karen Miller de ABC Cooper,
veuillez nous excuser d’arrêter vos émissions de noël pour un flash
d’information. Mais, une chose incroyable vient de se produire ce soir. Depuis
plus d’une heure, un vaisseau extra-terrestre est apparu subitement au-dessus
de la ville d’Alice Springs. Les militaires essaient tant bien que mal à calmer
certains habitants hystériques, mais…. Oh ! Mon Dieu ! Que se
passe-t-il ?
Le caméraman se retourna. Une lumière bleutée sortait du
vaisseau. Sous les yeux horrifiés de millions voire même de milliards de téléspectateurs,
la lumière souleva une voiture occupée, à un mètre du sol. Un éclair vert traversa la luminosité et fit
un trou sur le toit du véhicule. La forme verte remonta vers le vaisseau en entortillant
un jeune enfant.
La lumière bleue relâcha alors sa pression sur la voiture.
Celle-ci retomba dans un bruit sec. Un couple en sortit en rampant. La femme se
releva et tendit ses bras vers le ciel et hurlait le nom de son fils. Son mari
la prit dans les bras. Elle éclata en larmes. D’autres cris retentirent
ensuite. La caméra fit le tour de la
place où d’autres personnes disparaissaient dans le vaisseau. Il se tourna vers
sa collègue et s’aperçut qu’elle s’élevait à son tour.
Personnes ne pouvaient bouger. Ils avaient les jambes
lourdes et dans leur esprit, ils ressentaient la présence d’un intrus. Une voix
alors retentit, les faisant se plier en deux sous la souffrance et de l’impact
dans leur cerveau, pas habituer à ce phénomène.
- « Dans tous les pays de
cette planète, des hommes, des femmes, des enfants sont enlevés. Ils seront nos
esclaves jusqu’à leur mort. Ah ! Ah ! Ah!... Mais ne croyez pas être
à l’abri, terrien ! Je suis Katnos, chef suprême de l’empire Mandralore.
Nous avons choisi votre planète pour installer une garnison. Vous allez
gentiment nous servir comme de bons loyaux serviteurs. Ne pensez pas nous
résister. Toutes vos armes ont été annihilées comme toutes les bases
militaires. Vos présidents sont avec nous. Ils deviendront nos esclaves ou
serviront de repas pour nos créatures. Ah ! Ahahaha !
Un faisceau lumineux entoura le vaisseau et disparut comme
par magie, laissant les survivants dans le plus grand désarroi, dans la peur et
dans le flou la plus totale.