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Origine1975
29 juin 2015

Tome 8 : Nouvelle génération : 18

Chapitre 18

      Le week-end arrivant, Manu se décida enfin à parler de l’école à ses neveux, nièces. Sara irait dans une école primaire privée pour finir son année. L’année prochaine si tout allait bien, elle rejoindrait sa sœur au collège. Rafael et Moira iraient dans le même établissement. Depuis quelques années maintenant, le collège et le lycée s’étaient regroupés par expérience.

      Les élèves étaient sélectionnés pour y entrer. Rafael n’avait aucune illusion. Avec de l’argent, certains élèves avaient dû y parvenir sans problème. Manu ne le contredit pas. Après tout avec le dossier scolaire de son neveu, le garçon n’aurait pas pu y entrer avec autant de facilité.

      Le nom Oda-Miori avait fait son œuvre. Personnellement, il détestait user de ce nom pour son bien-être ou des siens. Mais, il n’avait pas eu droit au chapitre. Rei et Ashula lui avaient assuré que cette école serait bénéfique à son neveu, comme elle l’a été pour eux aussi. Moira retient surtout qu’elle verrait son frère. Peut-être arriverait-elle à s’en rapprocher un peu ?

      Le samedi fut des plus bruyant, car il eut des invités. Nathaniel Facter et son compagnon Luka Martin vinrent déjeuner chez eux. Nathaniel n’ayant pas perdu son habitude de poser ses mains sur les fesses reçut d’innombrables coups. Il parvint à faire réagir le jeune neveu de Manu. Depuis le début de la semaine, il était bien trop calme et silencieux. Même si Ludwig avait réussi à le dérider un peu au garage, le garçon restait facilement dans son coin.

      Nathaniel réussit à le mettre en colère. Non pas à cause des attouchements sur les fesses, mais en lui posant un nombre infini de questions sur son passé. Manu avait voulu intervenir pour calmer le jeu, mais Ashula l’en empêcha. Moira et Sara écoutaient la rage de leur frère en pleurant silencieusement. Elles ne savaient pas comment atténuer la souffrance de leur frère.

      Rafael s’était redressé et il se tenait debout devant ses adultes. Le visage rouge de colère et de peur, il les observait en serrant les dents. Nathaniel avait le visage fermé et attristé également. Finalement, il ne regrettait plus d’avoir quitté la police des années plus tôt. Même si pendant un temps, il les aidait encore, Luka avait fini par lui faire entendre raison. Combien d’enfants avaient-ils croisés avec ce genre de regard ? Beaucoup trop à son goût !

      La tension dans le corps du garçon s’atténua petit à petit quand il se rendit compte qu’aucun adulte ne lui faisait de reproche de s’être mis en rage. Il n’y avait pas besoin de parler. Il avait juste eu envie de hurler ce qu’il avait fait. Les adultes assis à table l’observaient en silence le laissant tranquille. Aucun d’eux ne cherchait à le dompter comme son père l’aurait surement fait dès qu’il se serait rebellé.

      Des larmes se mirent à couler le long de ses joues avant qu’il ne laisse finalement le sanglot qui lui octroyait la gorge se libérer d’un coup. Il se laissa glisser sur le sol portant les mains à son visage. Manu s’élança vers son neveu. Il s’accroupit et le prit dans ses bras. Le corps tout tremblant, Rafael posa son front sur l’épaule de son oncle avec confiance.

— Je ne savais pas quoi faire, mon oncle. Maman est partie et papa est entré en rogne. Maman me disait de toujours veiller sur Moira et Sara. Mais comment faire ?

— Tu as agi selon ton cœur, Rafael. Personne ne te jettera la pierre. Tu as fait ce qui te semblait juste. Tu as réussi. Regarde Moira et Sara. Elles vont très bien et elles sont en parfaite santé. Tu t’en es très bien occupé.

      Rafael inspira un bon coup avant de se redresser. Il jeta un coup d’œil à l’homme qui l’avait agacé au point de le faire craquer. Il ne lui en voulait pas. Il lança :

— Je suis sure que vous êtes un ancien flic. Vous savez frapper là où ça fait mal.

      Nathaniel lui adressa un sourire adoucissant ses traits de vieux Viking.

— J’ai toujours aimé faire pleurer les petits merdeux dans ton genre. Ils jouaient les petits caïds pour se protéger contre la violence. Mais à l’intérieur, ils étaient trop fragiles. Malheureusement, je n’ai pas toujours réussi à les sauver.

— Certains ne veulent pas être sauvés, monsieur Nathaniel. Ils veulent plonger en emmenant le plus de monde possible. C’est le seul monde qu’ils connaissent.

      Ludwig fit signe au garçon de les rejoindre à table. Il lui versa un petit verre de vin.

— Un bon petit remontant. Vas-y, cela te fera un peu de bien.

      Le garçon regarda le liquide rouge un moment avant de gouter du bout des lèvres. Il fit la grimace au début. Il sentit le liquide traverser son corps et le réchauffer. Il se sentait mieux.

— Je suis désolé d’avoir gâché votre après-midi.

      Ludwig émit un rire avant de porter un bras autour du cou du jeune homme roux. Il lui susurra à l’oreille.

— Et bien pour te faire pardonner, la prochaine fois tu viendras m’aider au garage. Je t’apprendrais comment réparer un tas de ferraille.

      Un sourire naquit sur les lèvres de Rafael. Il n’avait pas osé demander la dernière fois. Ludwig avait dû le deviner. Ashula s’exclama alors qu’il aimerait aller faire les magasins. Il ordonna à Moira, Sara et à Rafael de se tenir prêt. Les trois jeunes hochèrent la tête sans vraiment chercher à comprendre. Apercevant Manu s’échappait, Ashula le rappela à l’ordre. Il les accompagnait.

      Rafael prit plaisir à se moquer de son oncle. Celui-ci n’arrivait pas à contredire Ashula. Il lui obéissait comme un bon petit chien. Il fallait le dire aussi qu’Ashula était comme un petit prince dans cette maison. Ludwig et Rei le considéraient comme un fils. Ils lui cédaient pratiquement tout. Le jeune homme en profitait assez aisément sans être désagréable pour autant.

      Le frère et les deux sœurs furent stupéfaits en arrivant devant le plus grand centre commercial. C’était hallucinant pour eux. Ils n’avaient jamais eu les moyens pour se rendre dans ce genre de lieu. Ils regardaient partout. Même si le temps froid pouvait rebuter, cela n’empêchait pas le monde dans la galerie. Ashula semblait savoir ou les amenait en tout cas.

      Manu suivait en traînant les pieds. Il haïssait faire les magasins. Ashula le savait. Celui-ci discutait avec Moira et Sara. Chacune lui tenait la main. Dans un sens, il se sentait rassuré. Ashula avait été adopté.

— Mon oncle, tu t’inquiètes trop. Tu donnes l’impression qu’Ashula pourrait disparaitre du jour au lendemain.

      Manu rougit. Comment avait-il pu être percé à jour par un gamin de seize ans ? Il posa son regard vert sur la frimousse rousse près de lui. Ils étaient presque de la même taille. Rafael regardait droit devant lui. Il ne quittait pas ses sœurs du regard. Il veillait sur elles comme toujours sans le leur montrer pour autant.

— Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

— Je ne sais pas. Ça se lit sur ton visage. Tu es en attente d’une catastrophe. Ashula le sait. Parfois quand il est à l’étage pour lire, il a le regard pensif, puis il s’exclame « c’est un imbécile », « il est fatigant ». Je lui ai posé la question sur ces mots, il a juste dit qu’il ne savait pas comment t’arrêter de penser qu’il te quitterait un jour.

      Manu grimaça. Il soupira.

— C’est tout con. Je devrais arrêter de songer ainsi. Ça fait plus de huit ans que nous sommes ensemble. En fait, je me sens égoïste.

      Rafael se gratta la tête songeuse. Puis, il murmura :

— Tu te sens coupable, car tu crois qu’Ashula a arrêté de voyager à cause de toi ? Tu te trompes. Je les entendu parler avec Sara. Elle lui a posé la question sur ces voyages. Il a dit qu’il commençait à perdre son âme et sa raison. Il ne peut pas sauver tout le monde c’est impossible. Alors avant de perdre la tête, il est rentrée et être auprès de ceux qu’ils l’aiment pour ce qu’il est, c’est à dire, un homme normal la remit sur les rails. Tu fais partie de son mental, oncle Manu.

      Manu s’arrêta d’un coup en portant une main sur son visage. Il finit par émettre un petit rire.

— Et le bougre, tu ne crois pas qu’il aurait pu me le dire directement ?

      Rafael esquissa un sourire en coin.

— Bah non, ce ne serait pas drôle sinon. Et puis, tu es coupable aussi. S’il n’arrive pas à te parler, c’est que tu ne le fais pas non plus. Et depuis une semaine que je vous côtoie, j’ai remarqué qu’Ashula est comme son chat Sultan. C’est un fainéant dès qu’il rentre chez lui donc si tu veux un changement, c’est à toi d’agir.

      Un appel les fit sursauter. Moira les appelait à grand cri. Les deux hommes les rejoignirent et l’attaque des boutiques commença. Les deux filles furent ravies. Elles ne se posaient pas de question. Rafael lui tiqua un peu. Il n’avait pas l’habitude de dépenser de l’argent pour des habits. Manu lui expliqua que c’était pour avoir des tenus correct pour sa nouvelle vie.

      Le garçon acceptait, mais pourquoi mettre le prix sur des fringues ? Manu haussa les épaules. C’était Ashula. Monsieur avait décidé, mieux valait le laisser faire pour la tranquillité d’esprit.

      Combien de temps durèrent les courses ? Rafael n’en sut pas vraiment la réponse. Quand ils rentrèrent la nuit commençait à poindre son bout de nez. Rei se trouvait dans la cuisine discutant avec Sasha et Xavier. Les deux hommes resteraient pour dîner. Rafael en fut content. Il avait fini par apprécier le patron du bar « Cool baby ».

      Il monta à sa chambre pour déposer ses sacs. En ouvrant sa commode, il la trouva vide. Son linge avait disparu. Il en fut un peu inquiet, puis il se secoua. Il rangea ses nouvelles affaires. Une chose le tracassait. Où se trouvait-elle ? Il jeta un coup d’œil autour de lui. Il l’aperçut alors.

      Il s’approcha de la table de chevet. Un cadre y était posé. Rafael le prit en main. Il fut soulagé. La seule photo de sa mère s’y trouvait. Elle fixait l’objectif en souriant à la vie. Sa longue chevelure roux natté pendait sur une épaule. Elle portait une vieille robe trouée à certains endroits. Mais, elle resplendissait en tenant dans ses bras un nouveau-né fièrement.

— J’ai pensé qu’elle serait plus à l’abri, énonça une voix douce derrière lui.

      Rafael se retourna vers Ashula. L’homme s’était changé. Il portait une chemise blanche et un simple jean. Sa couleur tannée ressortait ainsi. Les yeux noirs fixaient le garçon. Il esquissa un sourire.

— Merci, lança Rafael ému.

      Il serra le cadre contre lui.

— Non c’est moi qui te remercie. Tu as parlé avec ton oncle aujourd’hui. Il est aux anges.

      Rafael haussa les épaules.

— Je n’ai pas fait grand-chose.

— Pas grand-chose ? Tu as fait plus que tu ne crois, Rafael. Je l’ai vu pendant des années se débattre pour chercher après sa sœur. Parfois, il enrageait. C’était dur de le calmer. Et je n’ai pas toujours été là pour l’aider. Quand enfin, il vous a trouvé. Il paniquait. Il avait peur que vous ne l’acceptiez pas.

— Il est difficile de le détester.

— C’est vrai. Nous allons passer à table. Amène-toi !

      Le lundi arriva bien trop vite. Rafael se leva inquiet. Il prit une douche rapide et s’habilla de ses nouveaux habits. Il se décida pour un jean noir, pull blanc et des baskets sur les mêmes tons. Il se trouvait bizarre. Il n’avait pas l’habitude d’être aussi à l’aise dans ses vêtements. Il attrapa son sac. La veille, Rei était venu lui porter les livres dont il aurait besoin pour ses études.

      Moira et Sara étaient déjà présentes dans la cuisine. Sara avait mis une jolie robe bleue alors que Moira avait préféré le pantalon. Elles avaient un peu le trac. Comment serait leur année dans ces nouveaux établissements ? Comme les précédents ? Sans amis ?

      Manu avait fait en sorte d’être présent. Il voulait les emmener pour leur premier jour. Il tenta de les dérider pendant le trajet, mais ce fut en pure perte. Il déposa tout d’abord Sara. La directrice en personne vint à la rencontre de la petite fille. Elle salua l’adulte avant de se concentrer sur la fillette. Sara prit confiance. Elle embrassa son oncle et lui fit signe que tout irait bien.

      Les deux adolescents eux restèrent silencieux. Ils arrivèrent bien assez vite devant la grille. Manu se gara et pénétra dans la cour de l’établissement. Les cours avaient déjà commencé depuis une heure. La direction avait décidé que ce serait mieux. Rafael et Moira regardèrent autour d’eux. Deux immeubles à deux étages en longueur se rejoignaient dans le coin gauche. Sur la droite, un chemin amenait vers les deux salles de sport, sur les cours de tennis et un peu plus loin sur le terrain de foot. L’endroit était vraiment impressionnant. Rafael remarqua aussi la propreté des lieux.

      Manu les emmena vers le plus grand bâtiment. Il connaissait très bien le chemin. Il avait fait ses études dans cette école. À l’époque, le collège n’était pas encore relié. Ils croisèrent un ascenseur pour les personnes en difficulté lui aussi très bien entretenu. Rafael avait l’impression d’être entré dans un autre monde. Comment un lycée pouvait être aussi beau ? Il tournait vers la droite pour rejoindre les bureaux administratifs quand il aperçut un immense dessin sur tout un mur.

      C’était un étrange dessin avec des formes géométriques et farfelues avec diverses couleurs en tout genre. Il chercha la signature. En lisant, il ne fut pas étonné de lire Carlin Oda. L’artiste semblait être partout. Les trois arrivants pénétrèrent dans une pièce claire. Personne en vue, mais la porte face à eux était grande ouverte.

      Manu s’en approcha et donna un coup à la porte. Une voix d’homme se fit entendre. Manu y pénétra suivi de son neveu et de sa nièce. Un homme d’un certain âge s’appuyait contre un immense bureau de chêne. Deux autres personnes se trouvaient à ses côtés un peu plus jeunes.

— Ah te voilà enfin Manu ! J’ai cru que tu avais eu peur de remettre les pieds dans ton ancien bahut, s’exclama l’homme d’âge mûr.

      Manu haussa les épaules et répliqua :

— C’est vous, proviseur Amory qui me donniez envie de fuir à toutes jambes.

      L’homme en question ne s’en offusqua pas le moins du monde. Il adressa un sourire aux deux adolescents qui accompagnaient son ancien élève.

— Ne faites pas attention au délire de votre oncle.

— Délire ? Vous avez failli m’assommer avec la brosse du tableau.

      Amory eut un léger sourire nostalgique.

— Ah oui ! C’est vrai. C’est de ta faute aussi. Quelle idée de t’endormir pendant mon cours ? C’était une très mauvaise idée.

— Mouais, bah ce n’est pas ma faute si je trouvais les cours de maths barbants.

      Amory secoua la tête toujours amusée. Il s’adressa finalement aux deux nouveaux.

— Rafael et Moira Blackwood, j’ai examiné vos dossiers. Je dois dire que j’ai imaginé le pire sans vous offenser. Les professeurs seront à votre disposition si vous n’arrivez pas à suivre. N’hésitez pas à les ennuyer, ils sont payés pour ça.

— Proviseur ! s’exclama une femme blonde. Vous n’êtes pas obligé de nous présenter de cette façon. Ils vont croire que nous n’aimons pas les aider.

      La femme secoua la tête. Elle s’approcha des deux adolescents. Elle les sentait stresser. Elle pouvait lire dans leur regard qu’ils n’attendaient rien des professeurs.

— Je suis Anaëlle Amory. Je suis ton professeur principal mademoiselle Moira. J'enseigne le français et l'histoire-géo.

— Euh ! Vous avez le même nom que le proviseur, chuchota timidement la jeune fille.

      La femme blonde sourit amusée.

— Pour sûr, c’est mon père. Mais, je vous préviens, il ne fait pas de différence. Que vous soyez de sa famille ou non, s’il doit punir, il le fait. Il est l’heure que je t’accompagne dans ta nouvelle classe.

      Moira hésita un instant. Elle jeta un coup d’œil rapide à son frère. Celui-ci lui adressa un sourire. Elle en fut ravie. Elle suivit donc la jeune femme. L’autre homme qui était resté silencieux jusqu’à maintenant s’approcha à son tour. C’était un homme proche de la trentaine au teint coloré par le soleil et dont les yeux bleu saphir ressortaient plus brillant que jamais.

— Je suis Ethan Da Costa ton professeur principal. J’enseigne les mathématiques. Le prochain cours est le mien. Tu feras ainsi connaissance avec ta classe. À la fin, je te présenterais quelqu’un qui t’aidera pour rattraper ton retard dans cette matière et dans deux autres aussi.

      Rafael grimaça. Il savait très bien être nul un peu partout. Il n’avait pas vraiment suivi les cours. Les professeurs se fichaient royalement de ses problèmes. Ethan eut un léger sourire.

— Ne te jette pas la pierre. Tu n’es pas le seul responsable de tes lacunes. Et tu n’as rien à craindre, c’est une élève de ta classe qui t’aidera. Elle est plutôt douée pour faire remonter les notes même si tu le verras, les autres la fuient.

      Intrigué, Rafael hocha la tête. Est-ce que cette fille ressemblait trop à une intellectuelle pour faire fuir ses camarades ? C’était assez étrange. Le garçon suivit à son tour son professeur après avoir salué son oncle et le proviseur. Celui-ci lui avait fait bonne impression même s’il l’intimidait beaucoup.

      Ils longèrent le couloir. Ils dépassèrent l’ascenseur pour prendre les escaliers. Rafael croisa d’autres dessins sur les murs toujours du même artiste. Ethan s’en rendit compte, il précisa :

— Carlin Oda est un des sponsors les plus importants. Grâce à ses dons, nous pouvons donner un meilleur enseignement et avoir le matériel adéquat aussi. Il permet aussi à des jeunes défavorisés d’avoir les bourses nécessaires pour continuer leurs études. Il a même créé une salle d’art afin de débusquer de futur talent.

— Avez-vous déjà rencontré l’artiste ?

      Ethan sourit.

— Oh oui ! Je le connais. C’est un homme adorable. Il n’est pas fermé comme d’autres le seraient. Si un jour, tu veux le rencontrer, tu peux te rendre à sa salle d’exposition. Elle se trouve au quartier africain face au bar. Tu ne peux pas le louper.

      Le garçon resta silencieux ensuite. Quand le professeur s’arrêta devant la porte, Rafael inspira un bon coup. Le bruit de bavardages se faisait entendre. La porte s’ouvrit.

— Professeur Da Costa, où étiez vous ? On commençait à espérer de n’avoir pas cours de math, s’exclama un élève au premier rang.

— Ah ! Ah ! Désolé de te décevoir, Malcom. Mais, je vais te bourrer le crâne aujourd’hui encore.

— Aaaah la poisse ! s’exclama en riant l’élève. Je vais faire avec alors !

      Les autres élèves se mirent à rire à leur tour. Le professeur leva une main pour calmer ses élèves indisciplinés. Quand le silence revint, Ethan leur annonça :

— Je vous présente Rafael Blackwood. Il vient juste d’emménager dans la région. J’espère que vous lui ferez bon accueil.

      Rafael observa les autres élèves de son regard bleu nuit. Tous le regardaient en détail. Il se sentait mis à nu. Son regard stoppa vers la table du fond. Non tout le monde ne le regardait pas. Une fille au long cheveu noir préférait dessiner. Elle était assise près de la fenêtre. Parfois, elle jetait un coup d’œil à l’extérieur, puis elle reprenait le dessin.

      Ethan fit un tour d’horizon à son tour. Il se dirigea vers le fond de la pièce en demandant au garçon de le suivre et il s’arrêta devant la table de la jeune fille aux cheveux noirs. Celle-ci dut voir l’ombre sur son carnet, car elle leva les yeux vers le professeur.

      Rafael put ainsi la voir plus facilement. Elle avait un visage ovale sans défaut. Il fut surpris par les yeux. Elle avait les mêmes yeux noirs abyssaux qu’Ashula, mais contrairement au compagnon de son oncle, elle avait la peau très blanche et des lèvres rosées. Contrairement à d’autres filles de la classe, elle ne portait aucun maquillage.

— Carline, je te présente ton nouveau camarade. Je te charge de t’occuper de lui comme il faut.

      La jeune fille pencha la tête sur le côté et un sourire apparut sur ses lèvres rosées.

— Vous savez que l’on pourrait mal interpréter vos paroles, professeur Da Costa. Dois-je lui apprendre les bonnes manières ? Ou comment manger proprement ?

      Ethan fronça les sourcils. C’était bien une Oda, cette fille. Aussi casse-pied que les membres de sa famille, mais bons il les aimait bien.

— Lui faire remonter ses notes ne serait déjà pas mal à mon sens.

      La jeune fille tourna son regard vers le nouvel élève. Il avait fini par baisser les yeux mal à l’aise. Ce ne devait pas être facile d’arriver en cour de route. Elle eut un peu pitié.

— Bon et si vous commenciez votre cours professeur Da Costa ? Rafael pourrait ainsi s’asseoir parce que là, vous le gênez.

      Les autres élèves se mirent à rire. Ethan secoua la tête, mais il s’éloigna pour rejoindre le tableau. Rafael s’installa à la table près de la jeune fille qui avait repris son dessin. Observant la table voisine, il fit comme eux. Il sortit son cahier et son livre.

      Carline n’en fit rien. Elle continuait à dessiner sans faire cas du professeur. D’ailleurs, celui-ci ne semblait pas s’en offusquer le moins du monde. Pourtant, il ne se gêna pas à l’appeler au tableau lors d’un exercice assez difficile. La jeune fille se leva sans rechigner.

      Rafael l’observa. Elle avait une taille moyenne, très fine. Ses cheveux lui atteignaient le mi-dos légèrement bouclé. Elle portait une longue robe d’un gris anthracite avec des bottes. Le garçon put constater aisément pourquoi le professeur ne lui disait rien. La jeune fille résolut le problème sans réfléchir vraiment tout en expliquant facilement.

      Quand elle rejoignit sa place, elle lui adressa un petit sourire avant de replonger sur son dessin. Rafael curieux jeta un coup d’œil. Elle avait dessiné l’arbre que l’on apercevait par la fenêtre avec sur une branche deux moineaux. Le dessin resplendissait de béatitude. Carline donna un dernier coup de crayon. Elle se sentait satisfaite.

— Tu aimes ? chuchota-t-elle à son voisin.

— Oui, il est beau. Tu es très doué.

      La jeune fille eut un simple sourire. Elle tira sur son dessin pour le décrocher de son carnet et le posa devant le garçon. Rafael l’observa un instant interdit. Il vit alors la signature. Il en fut stupéfait. Il n’avait pas fait le rapprochement. Il chuchota à son tour :

— Merci pour ce dessin, mais aussi pour les deux tableaux pirates.

      Les deux perles noires se mirent à briller.

— Je me suis bien amusé à les faire. 

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