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Origine1975
16 octobre 2012

Requiem Pfefferberg : 22

Chapitre 22

 

            Ce premier soir dans la ville de Blanka, Sahel accepta de se dérider un peu et il fut moins désagréable avec ses compagnons. Ce changement était dû à l'amitié sans équivoque de l'humain nommé Duncan Stuno. Les angios purent ainsi en savoir beaucoup plus sur celui qu'ils considéraient comment leur chef. Ils écoutèrent avec grand intérêt la première rencontre de Duncan et de Requiem et celle avec Sahel. Comme ils étaient un peu trop nombreux, ils décidèrent de faire la soirée à l'auberge.

 

            Sahel apprit également les mauvaises manies de l'oncle de Duncan. Luigi ne se gêna pas le moins du monde à l'ennuyer juste pour le mettre en rogne. Noel le voyant faire aurait bien aimé faire pareil, mais il n'osait plus trop. L'humain jouait simplement, Noel appréciait un peu plus le garçon, même s'il n'avait aucune chance pour un rapprochement. D'ailleurs, en l'observant, il pouvait voir facilement que Sahel savait faire la différence entre un homme qui s'amusait et celui qui voulait le séduire. La deuxième catégorie fuyait assez rapidement avec terreur. La première subissait juste des coups.

 

            La soirée des retrouvailles se passa dans la joie et la bonne humeur, même si parmi les clients, surtout des hommes subirent les illusions terribles de Sahel. Pour Duncan, il eut un choc quand même. Il se souvenait d'un jeune garçon blond malicieux, mais plutôt facile à vivre même si parfois il pouvait être capricieux. Maintenant, Sahel était différent et pas seulement, à cause de son physique. Ses pouvoirs s'étaient finalement réveillés après la disparition de la cicatrice en forme de barbelés.

 

            Il avait gardé son côté malicieux et capricieux, mais son caractère s'était aiguisé également. Son regard argenté regardait souvent autour de lui avec une certaine froideur qu'il n'avait pas auparavant. Et puis, il devait aussi s'habituer à l'entendre parler. Pourtant, Sahel avait une jolie voix éraillée, même si elle lui donnait encore plus un air impassible. Il trouvait aussi très étrange de voir le garçon discuter avec une mygale comme si c'était une personne. Mais malgré ses changements perturbants, il ne changerait pas son opinion sur Sahel ou Requiem. Ils étaient ses amis les plus chers. Ils le resteraient quoiqu'il puisse arriver.

 

            Alors que ces compagnons dormaient encore, Sahel se leva et se prépara rapidement. Il descendit au rez-de-chaussée où Duncan l'attendait sagement en prenant son petit déjeuner. Il adressa un sourire de bienvenu au jeune angio. Sahel était soulagé. Il avait bien remarqué que son ami était perturbé la veille. Il avait eu peur qu'il change d'attitude envers lui. Il s'installa à son tour à table.

 

— Bien dormi, Sahel ?

 

— Oui, comme un loir. Ça faisait longtemps que je n'ai pas dormi aussi bien.

 

            Le regard du jeune angio s'assombrit un peu. Duncan se mordit la lèvre. Sahel devait songer à Requiem.

 

— En tout cas, tu n'as pas perdu l'appétit, se moqua l'humain en regardant son jeune ami engloutir rapidement son petit déjeuner.

 

            Sahel sourit, illuminant ses yeux de lune.

 

— Je suis en pleine croissance. Il me faut de l'énergie pour repousser les mains baladeuses de ton oncle.

 

— Ah ! Désolé, il ne peut pas s'en empêcher.

 

            Sahel haussa les épaules.

 

— Ce n'est rien. Il le fait juste pour rire. Il ne risque rien. Alors, tu me fais visiter ta nouvelle ville.

 

            L'humain et l'angio sortirent de l'auberge. Sahel leva les yeux au ciel et il aperçut Otys tournoyant au-dessus du bâtiment. Il respira le bon air de Soleda. Duncan lui montra la direction du centre-ville. Prenant le chemin indiqué, les deux hommes discutèrent de tout et de rien. Duncan lui raconta les péripéties de son voyage en train. Il lui parla de sa rencontre avec Hidalgo, le commandant d'Isayc.

 

            Même après toutes ses années, un frisson d'horreur lui parcourut le corps. Cet homme l'effrayait. C'était tellement évident. Sahel plongea dans ses pensées. D'après ce qu'il avait appris de Requiem, c'était ce commandant qui avait assassiné Nadria Pfefferberg. Maintenant, elle faisait partie intégrante du monde des vents. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Comment avait-elle fait pour devenir une sorte d'ange gardien ? Avait-elle fait comme lui un pacte ? D'ailleurs, il n'en revenait pas. D'après ce qu'il savait, sa cicatrice barbelée était un sceau très puissant, alors pourquoi avait-il payé comme compensation juste sa couleur de cheveux ?

 

            Son questionnement s'évanouit comme par enchantement dès qu'ils arrivèrent aux abords du centre-ville. Sahel ouvrit les yeux en grand devant le marché communal. Il ne se souvenait pas d'être déjà venu dans un marché aussi grand et fourni.  Il n'y en avait pas à Ousgoff,, tout comme il n'y en avait pas à Mongoliste.

 

            Bondissant partout à la fois, il regardait tous les articles des stands avec émerveillement. Duncan eut l'impression de revoir un peu le gamin de l'époque, surement dû à son sourire enfantin et ses yeux brillants. Les marchants semblaient sous le charme devant cet ange. Ils discutaient joyeusement avec lui sans être choqués le moins du monde par ses yeux étranges.

 

            Luigi avait raconté à Duncan que les marchants voyageaient à travers tous les pays pour les fournir en matériaux ou autres des pays voisins. C'était un grand commerce très recherché. Les meilleurs marchands gagnaient une véritable fortune. De plus, ils étaient également les meilleurs informateurs. Mais, il fallait aussi s'en méfier, car certains d'entre eux, un tout petit groupe, servaient à repérer d'éventuels esclaves.

 

            Ces individus devaient repérés dans les lots de clients, les personnes susceptibles de convenir à la demande de leur client. Le plus souvent, ils recherchaient des individus pour les mines ou les carrières, mais d'autres voulaient des enfants en bonne santé et de bonnes présences afin d'en faire des esclaves sexuels. Dernièrement, la demande était la recherche d'angios, reconnaissable grâce à leurs yeux. Les clients étaient prêts à payer une fortune pour ces créatures.

 

            Duncan connaissait ce danger. Il se demandait si son jeune ami s'en doutait également. Il devrait peut-être le mettre en garde, ainsi que ses compagnons de route. Le jeune humain rejoignit rapidement Sahel afin d'éviter de le perdre de vue. Le jeune angio discutait avec un vieux marchand, tout ridé. Sahel avait perdu son sourire jovial. Il prenait une expression très sérieuse. De quoi parlait l'homme ? Il s'arrêta à quelques pas de Sahel et il écouta à son tour.

 

— Tout le monde est véritablement surpris par cette explosion. D'après certains survivants de la ville d'Ousgoff, cette bombe aurait dû faire plus de dégât. Elle aurait dû faire disparaître Elhalyne et une bonne moitié d'Inonumy, mais seule la ville a disparu pour toujours. Ils ont eu beaucoup de chance.

 

— Oui, vous avez raison. C'est vraiment une chance qu'elle n'a pas fait plus de victimes.

 

— Fort possible, mais des victimes, il va en avoir. La guerre se prépare entre Inonumy et Elhalyne. L'un accuse l'autre et vice versa.

 

— Tu as trouvé quelque chose d'intéressant, Sahel ? Demanda Duncan pour couper court au papotage.

 

            Le jeune angio se tourna vers son ami, surpris. Il prit congé auprès du vieil homme après lui avoir acheté une pomme. Sahel continua son visionnage des stands. Duncan le suivit et lui parla à voix basse. Il lui raconta ce qu'il savait. Il lui demandait d'être prudent. La seule réponse fut un haussement d'épaules. Duncan soupira fataliste. Le jeune angio n'en fera qu'à sa tête comme à son habitude. Il n'avait pas changé tant que cela finalement.

 

            Une dispute attira leur attention. Sahel observa la scène avec amusement au début. Apparemment, un jeune homme se faisait ennuyer par un groupe de trois hommes. Il semblait réellement de très mauvaise humeur, mais les hommes ne voulaient pas le lâcher. Sahel entendit Duncan murmurer.

 

— Luigi a vraiment raison. Il attire vraiment les pots de colle.

 

— Tu le connais ?

 

— Oui, on peut dire que c'est un ami.

 

— Mmmh ! Marmonna juste Sahel, en penchant un peu la tête de côté.

 

            Duncan lui jeta un petit coup d'œil. Les yeux argentés avaient pris une teinte plus foncée. Duncan eut une exclamation. C'était le même regard que la veille quand des clients de l'auberge étaient venus l'ennuyer.

 

            Ménérys, exaspéré au plus haut point, bouscula un des hommes pour qu'il le laisse passer. Mais, celui-ci ricana et reprit de plus belle en lui agrippant le bras. Pourtant, d'un seul coup, l'homme le relâcha épouvanté. Il recula de frayeur, les yeux exorbités. Ménérys le regardait halluciner. Les autres aussi se posaient des questions. Ils regardèrent autour d'eux. Les passants les fixaient se demandant ce qu'ils avaient.

 

            Personne, à part eux, ne voyait les petites créatures qui descendaient du corps de jeune guérisseur. Prenant peur, les trois hommes prirent d'un seul coup leurs jambes à leur cou sous le rire des passants.

 

— Eh bé ! Qu'est-ce que tu as pu leur faire pour les effrayer ainsi, Ménérys, cria un des badauds, hilare.

 

            Le jeune homme haussa les épaules perplexes. Il jeta un coup d'œil à son tour autour de lui. C'est alors qu'il les repéra. Il fonça vers eux. Il salua d'un simple hochement de tête le plus grand des hommes. Il préféra se concentrer vers le plus petit. Enfin, l'homme en question avait la même taille que lui et portait également les cheveux mi-longs. C'était la seule chose où il pouvait être comparé. Par contre, les iris de cet homme étaient d'une couleur peu commune. Ménérys pinça les lèvres.

 

— Aviez-vous besoin d'utiliser cette méthode pour les faire fuir ?

 

            Sahel ne se gêna pas le moins du monde à détailler la personne face à lui sans répondre, mettant mal à l'aise son interlocuteur. Ménérys était plutôt séduisant avec sa peau mate, ses yeux noisette qui contrastaient avec sa chevelure blonde. Sans se démonter, Sahel sourit, illuminant à nouveau son regard de lune.

 

— C'est une méthode comme une autre. Mais, elle est plus efficace, monsieur le guérisseur.

 

            Ménérys eut un sursaut.

 

— Comment le sais-tu, Sahel ? S'exclama Duncan.

 

            Sahel ne lui jeta même pas un regard, mais il soupira.

 

— Parce que ceux qui ont la marque se reconnaissent.

 

— Mais, je ne suis pas un angio comme vous.

 

— Et alors ? Tu as une marque aussi. Tous les guérisseurs ont la marque du côté gauche. Les déchiants, ceux qui n'ont pas d'âme, l'ont au centre.

 

            Ménérys se troubla. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser à Doris. Sahel l'observant toujours le vit se tendre. Il pencha la tête et il reprit :

 

— Il est possible de leur donner une âme surtout si le sujet a vécu longtemps avec les humains, mais cela ne dure jamais longtemps. Les déchiants finissent toujours par faire du mal aux êtres qu'ils aiment.

 

— Impossible ! Doris ne nous aurait jamais fait de mal, s'emporta Ménérys.

 

            Sahel haussa les épaules. Il s'élança sur Ménérys et agrippa son bras. Il s'exclama alors :

 

— T'as du temps libre ? Fais-moi visiter cette ville avec cet empoté de Duncan !

 

            Ménérys n'en revenait pas du toupet. Il allait rabrouer l'angio, mais il n'en eut pas l'occasion, car Duncan s'écria :

 

— Qui est-ce que tu traites d'empoté, moustique ?

 

            Sahel étira ses lèvres en un grand sourire avant de lui tirer la langue tout en se serrant un peu contre Ménérys.

 

— C'est toi l'empoté Duncan, je ne vois personne d'autre qui corresponde assez bien. Je n'ai pas raison, euh ! Tu ne t'es pas présenté. C'est très malpoli.

 

            Le toupet ! Pourquoi est-ce à lui de se présenter en premier ?

 

— Tu aurais pu le faire aussi, je te ferais dire !

 

— Ça ne va pas, non ! Je te rappelle que j'ai sauvé tes petites fesses, alors c'est toi le premier.

 

— Je ne vois pas le rapport.

 

            Les deux jeunes hommes se regardaient en chiens de faïence. Duncan les observait halluciner.

 

— Euh ! Dites…

 

            Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que les deux garçons le rabrouèrent en même temps. Le pauvre Duncan préféra s'éloigner un peu en secouant la tête. Il reçut un coup sur son épaule. Il se retourna et aperçut la sœur de Ménérys.

 

— Ton ami a raison, Duncan. Tu es vraiment un empoté.

 

— Bouh ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi !

 

            La jeune femme se mit à rire. Elle se tourna vers les deux garçons qui se chamaillaient toujours. Elle leur cria :

 

— Vous faites trop grabuge, les mioches !

 

            Les deux garçons se turent aussitôt. Ils se tournèrent dans sa direction. Elle s'approcha de son frère.

 

— Ben, on dirait que tu t'es fait un nouvel ami, Ménérys.

 

            Son frère renifla.

 

— Et où tu vois que nous sommes amis ?

 

            Sa sœur ne fit pas cas de sa phrase. Elle regarda l'autre garçon. Elle trouvait déjà son frère trop beau, mais celui-là avait son charme aussi. Elle lui adressa un sourire. Sahel dut lever la tête pour la regarder bien en face.

 

— Je m'appelle Menmory Isoko. Et cet ingrat près de toi, c'est mon frère Ménérys.

 

            Ménérys préféra ne pas relever. Sahel esquissa un sourire amusé.

 

— Enchanté de vous connaitre. Je suis Sahel, un ami de Duncan.

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Commentaires
B
Ah Sahel et Menerys le duo de choc :) finalement toutes les connaissances de Requiem finissent par se rencontrer!<br /> <br /> La suite! La suite!
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