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Origine1975
13 octobre 2012

Requiem Pfefferberg : 21

Chapitre 21

            Les champs se trouvaient un peu à l’écart de la petite ville de Blanka. Depuis, son arrivée dans ce petit coin du monde, Duncan aidait avec plaisir le compagnon de son oncle. La dépense d’énergie l’aida beaucoup à atténuer la douleur de la perte de ses parents. Il évita aussi de s’inquiéter inutilement pour ses deux amis.

            Comme son oncle l’avait prévu, il se lia d’amitié avec les Isoko, particulièrement avec Menmory. Elle aimait beaucoup la chasse et la pêche. Il avait rarement rencontré de jeunes filles aimant ce genre d’activité. Ménérys était un mystère pour lui. Il pouvait être très agréable et d’un coup, changé d’attitude. Duncan avait été déboussolé au début en apercevant des couples de même sexe. Il n’avait pas l’habitude d’en voir étant donné l’état mental à Elhalyne où ce genre de relation y était interdit.

            Il plaignit beaucoup Ménérys qui subissait souvent les assauts des hommes, mais aussi de femmes. Il comprenait aisément pourquoi le caractère du garçon était si changeant. Presque chaque jour, il pouvait l’entendre perdre son calme. Menmory lui affirma que personne n’oserait le toucher, ils aimaient juste le titiller. Pourquoi une telle confiance ? Finit-il par lui demander un jour.

            Ce n’était pas vraiment de la confiance, mais plutôt de la prudence. Il valait mieux ne pas mettre en colère Luigi, mais surtout Lany. Celui-ci, même si en apparence, était une personne calme et sereine, si par malheur il sortait de ses gonds, il pouvait être terrible et la seule personne à le calmer était Luigi. Les deux hommes s’étaient promis de veiller sur le frère et la sœur. Promesse donnée aux deux hommes qui les avaient amenés jusqu’au village avant de disparaître comme des voleurs.

            Duncan se redressa et s’étira un bon coup. Le travail dans les champs était épuisant pour le corps, mais cela faisait un bien fou. Il leva les yeux au ciel sans nuage. Il inspira un bon coup. Rien à redire, la vie campagnarde était vraiment la meilleure des vies possibles. La vie à Blanka était si paisible comme celle qu’il avait eue à Mongoliste. Ces parents auraient bien aimé ce pays. Un sourire esquissa ses lèvres en entendant les oiseaux chantés à tout va. Il fronça un sourcil. Parmi les chants, il entendit un cri différent et reconnaissable. Il devait rêver. Depuis son arrivée à Soleda, il n’en avait jamais vu. Il devait surement se tromper.

            Lany, un peu plus loin, se redressa à son tour. Il entendait également ce cri différent. Où provenait-il ? Il scruta le ciel tout autour de lui. Il finit par l’apercevoir. Il en fut stupéfait. Le neveu de son compagnon lui avait parlé de ce genre de volatile, mais il n’en avait jamais vu. Pourtant, il était certain que cet oiseau de proie qu’il apercevait ressembler à celui décrit. Il se tourna dans la direction de son camarade. Il lui fit signe afin qu’il regarde dans la bonne direction.

            Duncan se retourna alors et aperçut à son tour la silhouette d’un aigle tournoyant au-dessus de la ville. Il eut un hoquet de surprise avec un sentiment mitigé. Il avait un peu peur d’avoir une fausse joie. Était-ce réellement Otys ? De là où il se trouvait, il était bien trop loin pour le reconnaître. Pourtant, le volatile semblait à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un.

            Un appel de Lany lui fit de nouveau tourner la tête vers l’homme. Celui-ci s’exclama qu’il était de toute façon temps de rentrer. Les deux hommes se dépêchèrent donc de rentrer les outils dans la grange qui se trouvait un peu plus loin. Ils marchèrent ensuite tranquillement sur le chemin menant vers la ville.

            À cet instant, une ombre passa près d’eux. Les deux hommes sursautèrent et levèrent les yeux au ciel. Le volatile se trouvait juste au-dessus d’eux et il se mit à trompeter gaiement. Duncan s’arrêta net halluciner. C’était bel et bien un aigle royal blanc. Alors, sans trop réfléchir, il récupéra sa veste accrochée autour de sa taille, il l’entoura autour de son bras et le tendit.

            L’aigle trompeta encore une fois, fit deux ou trois tours supplémentaires avant de se poser sans vraiment de douceur sur ce bras tendu. Lany observa la scène un peu estomaquée, mais fascinée également. Duncan ne se sentait plus de joie. L’aigle était bien celui de son ami. Le volatile observa cet humain un long moment sans bouger. Duncan n’osait pas trop bouger non plus.

            Puis, comme par magie, l’aigle pencha la tête avant de lui donner quelques coups de bec en douceur sur le haut du bras. Doucement pour ne pas l’effrayer, Duncan leva son autre main afin de caresser le haut du crâne. L’aigle sembla apprécier.

— Hallucinant ! s’exclama Lany. Je sais bien que tu nous l’avais raconté, mais le voir en personne, c’est… c’est….

            Duncan sourit. Lany était sans voix, phénomène assez rare.

— Oui, c’est bien lui. C’est Otys. Requiem et Sahel doivent être dans les parages. J’ai hâte de les revoir.

            Le volatile sembla comprendre, car il s’agita. Duncan l’observa incrédule. Il avait bien l’impression qu’il essayait de lui faire comprendre quelque chose, mais en pure perte.

— Je suis désolé Otys. Je ne suis pas comme nos amis, je ne peux pas te comprendre.

            En récompense, Otys trompeta si fort qu’il faillit boucher les oreilles de Duncan. Celui-ci grimaça et le fit encore plus quand le volatile s’envola à nouveau.

— Ah ! Quel caractère de cochon !

            En réponse, Otys trompeta encore plus fort avant de lui balancer dessus des copeaux d’arbres. Lany riait de bon cœur devant le spectacle. Ils arrivaient en vue de l’entrée de la ville quand les deux hommes s’arrêtèrent net devant les personnes face à lui, trois hommes et une femme. Ils bouchaient l’entrée. Lany serra le bâton qu’il avait en main. Il n’aimait pas la violence, mais par les temps qui couraient, il valait mieux être préparé.

            Pourtant, en observant ses adversaires, une certaine peur le tenaillait. Il pouvait sentir les pouvoirs redoutables qu’ils retenaient. Il jeta un coup d’œil vers le neveu de son compagnon. Celui-ci ne savait pas comment agir. Il lui semblait reconnaître une des personnes. L’homme le plus à droite ressemblait assez à cet individu qui lui avait adressé la parole à Ousgoff. Il avait apparemment réussi à échapper à l’explosion.

            D’un seul coup, une voix se fit entendre. Duncan ne la reconnaissait pas, mais la personne qui la détenait devait avoir un sacré caractère. Et quand, il la vit apparaître, il comprit qu’il n’avait pas tort du tout.

— Poussez-vous de là, bande d’imbéciles ! Vous ne voyez pas qu’ils ne se sentent pas en sécurité !

— Ah ! Tu pourrais nous parler plus gentiment, grailla le plus âgé du groupe.

            Le colérique apparut dans le champ de vision des deux humains. Lany resta bouche bée devant le spécimen. Duncan lui détailla le garçon. Il était plus petit que les autres hommes, mais il avait une présence bien supérieure. Sa peau blanche et ses cheveux noir corbeau faisaient ressortir ses magnifiques yeux argentés. Dans son apparence enfantine, Sahel était déjà mignon, mais maintenant, il était magnifique.

— Je n’en vois pas l’intérêt, répondit simplement le jeune Angio.

            Son regard de lune se posa sur les deux hommes, surtout sur le plus grand. Un sourire esquissa ses lèvres bien faites.

— N’reste pas la bouche ouverte, Duncan ! Tu vas avaler des mouches.

— Je vois que tu es resté un vrai diablotin, Sahel.

            Stupéfait, Lany regarda à nouveau le garçon. Alors, c’était eux les amis de Duncan. Impressionnant !

— Je suis un ange, Duncan. Tu le sais très bien.

— Dans tes rêves, Sahel !

— Je ne t’ai pas sonné, Noel !

— Toujours aussi aimable.

            Le jeune angio s’élança vers les deux humains qui semblaient décidés à rester plantés comme des idiots. Il s’arrêta à quelques pas d’eux. Il pencha la tête, puis il s’exprima à nouveau :

— Désolé Duncan de t’avoir laissé en arrière et aussi pour tes parents. Je les aimais beaucoup.

            Le jeune homme hocha la tête, triste.

— Je le sais. Ils t’adoraient également.

            Duncan quitta du regard son jeune ami et observa les autres un instant. Il finit par demander.

— Où est Requiem, Sahel ?

            Ils les virent tous s’assombrir. Que s’était-il passé ? Était-il arrivé quelque chose à Requiem ? Il allait demander, mais Sahel le devança :

— Ne me parle pas de cet idiot ! Quand il reviendra, je vais lui passer un de ces savons.

— Sahel ! Arrête de te faire du mal. Il se trouvait en plein épicentre quand l’explosion a eu lieu. Crois-tu réellement qu’il s’en soit sorti ? Finit par s’emporter la femme.

            Le choc de la nouvelle fit un effet horrible pour Duncan. Il ferma les yeux. Non, son ami n’avait pas pu mourir. C’était une blague ! Un grognement s’entendit. Lany attrapa le bras de Duncan. Celui-ci, surpris, ouvrit à nouveau les yeux. Le compagnon de son oncle observait le jeune garçon avec une certaine frayeur. Duncan en fut surpris. Lany n’était pas du genre à s’effrayer pour un rien.

            Duncan reposa son regard sur le jeune Sahel. Il aperçut alors la mygale sur l’épaule du garçon. Il laissa échapper un petit cri de surprise. Sahel, dont le corps tendu fixait Trishka avec colère, se retourna aussitôt vers les humains. Il remarqua leur regard vers son épaule. Comment devait-il prendre leur réaction ? Il préféra le faire calmement.

— Vous n’avez rien à craindre. Misha ne vous fera rien de mal.

— Mais… enfin, c’est une…

— Une araignée ? Oui, et alors ? Interrogea Sahel, le regard plus dur. Je suis un angio du clan Arachny. Je ne vois pas en quoi cela peut vous surprendre.

            Noel Chanvre secoua la tête, exaspérée. Sahel ne voulait surtout pas comprendre que certaines personnes pouvaient avoir peur de ce genre d’animaux. Il s’approcha et adressa un sourire ravageur à Duncan. Il évita tout de même de poser une main sur les fesses tentantes de Sahel. Celui-ci n’était pas d’humeur à être agréable.

— Ravi de vous revoir, ami de Sahel. Je suis désolé de vous avoir un peu piégé la dernière fois.

            Duncan haussa les épaules.

— Ce n’est pas grave. Je suppose que Requiem ne voulait pas que je le retrouve. A-t-il réellement disparu ?

— Il a décidé de faire son possible afin que la bombe ne détruise pas tout sur son passage. Je sais qu’il est puissant, mais survivre à cette décharge…

            Duncan baissa la tête de tristesse. Il entendit Noel pousser un petit cri de douleur. Il la redressa aussitôt. Il vit l’angio porter une main à sa jambe en grimaçant et jetant un regard noir à Sahel.

— Arrêtez ! Je vous interdis de penser que Requiem est mort. Comment osez-vous le traiter comme un minable de votre espèce sous-développé ? Il est le représentant de mère Nature, croyez-vous réellement qu’elle le laissera mourir alors que son destin n’est pas encore accompli ?

— Sahel, nous sommes juste réalistes. Ce n’est pas un dieu, répliqua Minos.

— Euh ! Je crois que Sahel a raison, avoua d’une petite voix Winfield.

            Tout le groupe se tourna vers l’albinos. Celui-ci se sentit rougir d’être le centre d’intérêt, mais il continua :

— Je le connais depuis moins longtemps que vous tous, mais le peu que j’ai vu, il est capable d’accomplir des choses que nous même nous sommes incapables de faire. Il y a aussi ce vent qui le suit partout où il va.

— Oui, Requiem n’est surement pas mort. Si tu penses qu’il est vivant alors je te crois, Sahel. Vous avez toujours eu un lien très fort entre vous. Je suis sur que tu le saurais s’il avait vraiment disparu de la surface de ce monde, murmura Duncan, avec ferveur.

            Avant que quiconque ne contredise une nouvelle fois, Lany finit par lancer.

— Je pense que nous devrions rentrer. Il se fait tard et Luigi risque de s’inquiéter inutilement. Vous pourrez continuer votre conversation à la maison et surtout vous présenter convenablement. D’accord ?

            Le groupe se regardèrent un instant avant de hocher la tête parfaitement synchro. Sahel retrouva sa bonne humeur. Il se positionna entre les deux humains et il se mit à discuter avec eux laissant les autres les suivre en silence. 

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Commentaires
B
Ah lala Sahel est redevenu le petit diable d'avant la disparition de Requiem! Mais il n'a pas tort! Il faut croire en Requiem parce que c'est le plus fort!
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