Chapitre 40
Malgré
le fait qu’ils étaient partis très tôt le matin, ils arrivèrent dans la ville
d’Obihiro dans les alentours de midi. Pourquoi y avait-il toujours des retards dans
les aéroports ? Erwan avait un moment songé à étrangler son Luce plus
d’une fois. Il était aussi insupportable que son père Carlin. Certes, Carlin
avait l’excuse de sa phobie, mais pourquoi le fils s’amusait-il à être une
plaie dans ces moments-là également ?
Déjà
pendant le trajet pour venir au Japon, il avait dû user de stratégie afin de
fatiguer le garçon pour l’endormir. Il devait se jeter des fleurs d’y avoir
réussi d’ailleurs. Mais là, avec Shuei, il était intenable. Erwan pensa pendant
le trajet vers leur hôtel à toutes les tortures inimaginables pour son Ange. Il
allait se venger à sa façon. Il se demandait comment faisait Gaku pour
supporter son capricieux compagnon. Il était tout aussi agité que son Luce.
Pourtant, le japonais ne réagissait pas et laissait couler. Il ne semblait pas
le moins du monde toucher par la folie commune des deux garçons. Il les
observait amuser.
À vrai
dire, Erwan n’avait pas seulement envie d’étriper que son Ange, mais ce
japonais également. Gaku se moquait de lui sans vergogne. C’était quand même
étonnant de rencontrer quelqu’un n’ayant pas peur du grand manitou, un surnom
donné d’ailleurs par l’extra-terrestre aux yeux vairons. Alors, pour se venger,
Erwan l’appelait Shu chan comme Luce et Gaku. C’était tellement plaisant de
voir à quel point, ce garçon aussi pouvait se hérisser également.
Gaku
avait laissé Erwan se charger des réservations d’hôtel. Il fut halluciné quand
le taxi s’arrêta devant un six étoiles. Il avait voulu répliquer, mais
l’héritier l’interrompit en précisant qu’il était hors de question que son Luce
aille dormir dans un taudis et que de toute façon, l’hôtel appartenait à la
famille Sanada. Gaku soupira, fataliste. Il n’en était même pas surpris. Il
pensait même que plus rien ne pourrait l’étonner dorénavant.
Shuei
ne broncha pas, mais les yeux pétillants, il regardait tout autour afin de ne
rien rater. Jamais il n’aurait imaginé un jour venir dans ce genre d’hôtel
privilégié. Dans ce genre d’établissement, le client était vraiment le roi.
Alors, pourquoi se privait-il ? Avec un grand sourire, le garçon attrapa
le bras de Ga-san et le tira afin de pénétrer dans le hall. Tout autour de lui
respirait le luxe à outrance. C’était un des meilleurs hôtels, mais Gaku se
sentit vraiment mal. Il n’avait rien à faire dans ce lieu.
Erwan
se rendit à la réception afin de récupérer les clés des chambres et signer le
registre. Ensuite, il rejoignit ses amis. Il voyait très bien que Gaku se
sentait mal à l’aise dans ce lieu, mais le bougre devrait pourtant s’y
habituer. La plupart de ses amis étaient des personnes riches, il devait
accepter de temps en temps à les suivre dans leur façon de vivre.
Sans
broncher, Gaku les suivit dans l’ascenseur. Leurs chambres se trouvaient aux
troisièmes étages de l’immeuble. En y pénétrant, il s’aperçut que ce n’était
pas vraiment une suite, mais un appartement. Il y avait tout le confort de
modernité. Gaku était halluciné, mais en même temps rassuré. Il avait eu un peu
peur de trop de tapage, de luxe, mais bien au contraire, la pièce de vie
respirait plutôt un bien-être. Il se rendit dans le coin-cuisine et par
curiosité, regarda dans le frigo. Il eut la surprise de le voir rempli de
Virtual. Il se tourna vers l’héritier Miori.
- J’ai demandé à le remplir pour notre arrivée.
J’étais certain que tu préférerais dîner dans l’appartement plutôt que dans le
restaurant attenant. N’ai-je pas raison ?
Gaku
faillit rougir. Il ne pensait pas être aussi voyant. Shuei visita les pièces en
compagnie de Luce. Il n’avait pas les mêmes états d’âme. Il s’extasia devant ses
découvertes. Au bout d’un moment, Luce abandonna son jeune ami. Il venait
d’avoir de nouvelles idées. Il devait les noter avant d’oublier. Où avait-il
mis son cahier bleu ? Aaaaah ! Luce fonça dans sa chambre et vida son
sac de voyage. Il ne le trouva pas. Il commençait sérieusement à paniquer.
En
fouillant dans les armoires, Gaku trouva enfin du café. Il put en faire. À cet
instant, une boule d’énergie arriva complètement affolée. Erwan l’entendant, se
retourna juste à temps afin de récupérer son Luce dans les bras.
- Qui y a-t-il, mon Ange ?
Luce
renifla et s’exclama :
- Je ne retrouve plus mon cahier bleu. J’avais
écrit un début d’histoire. Qu’est-ce que je vais faire ? Je déteste
laisser en plan une intrigue. Erwan retrouve mon cahier, te plait ?
Il
voulait bien, mais comment retrouver un objet surement oublié chez les
Morita ? Il jeta un coup d’œil vers Gaku. Aurait-il une solution ? Erwan
maudit le japonais. La seule chose dont il eut le droit fut un encouragement
avant que le bougre ne s’éclipse à la recherche de son compagnon. Il le
retrouva dans les bras de Morphée.
Shuei
avait juste voulu voir si le lit était confortable. Il l’était tellement qu’il
s’endormit sans s’en rendre compte. Quand finalement, il se réveilla en
sursaut. Il regarda autour de lui. Il se trouvait déshabiller et sous les
draps. Il fronça les sourcils tout en se frottant les yeux. Où était-il
déjà ? La mémoire lui revint. II poussa un petit cri. Il se redressa et
enfila rapidement son pantalon.
Il
fonça ensuite vers la salle commune. Il y retrouva Erwan, installé dans un
fauteuil, s’occupant l’esprit avec de la paperasse. Il jeta un coup d’œil au
nouvel arrivé. Shuei ne savait pas trop comment agir. Il se sentait un peu
intimider. Il se demandait comment Ga-san arrivait à discuter avec l’héritier
sans problème.
- Où sont Ga-san et Luce ? Finit-il par
demander, mettant ses mains dans les poches.
Le
malaise de Shuei ne passa pas inaperçu, mais Erwan agit comme s’il n’avait rien
vu.
- Gaku est sorti prendre l’air. Luce boude dans
la chambre. Il m’accuse presque d’être responsable de son oubli. Pfft !
- Euh… Quel oubli ?
- Ah oui ! Il est vrai que tu dormais à ce
moment-là. Il a oublié son cahier chez ton père.
Shuei
tiqua et s’exclama :
- Son cahier bleu ? Je l’ai. Il est dans mon
sac. Mon père l’a trouvé et l’a mis dans mon sac avant que je m’en aille. Je
n’y ai plus songé ensuite. Désolé.
Erwan
poussa un long soupir de soulagement. Il sourit.
- Tu me sauves la vie. Tu veux bien le lui
rendre. Il devient pénible sans son cahier. Je vais bénir ton père jusqu’à la
fin de ma vie.
Shuei
éclata de rire. Il se détendit. Erwan n’était pas aussi effrayant finalement.
Il était même plutôt mignon être aussi attentif aux moindres désirs de son
Luce. Le garçon retourna dans sa chambre pour prendre le cahier. Il se rendit
ensuite dans la chambre voisine à la sienne. Il frappa et pénétra dans la
pièce. S’il était comme lui, Luce n’aurait pas répondu.
Le français
était allongé sur le lit et il tournait le dos à la porte. En entendant du
bruit, il se retourna grognon. Il ne voulait voir personne. Il ouvrit les yeux
en grand quand il aperçut le cahier bleu dans les mains de son ami. Il poussa
un petit cri. Se levant rapidement, il rejoignit le garçon. Shuei lui tendit
son trésor. Il avait une envie folle de rire. C’était amusant, vraiment amusant
de voir l’attachement du français pour un simple cahier.
Luce,
tout content, serra son cahier dans ses bras. Il s’était senti si démuni. Il
savait bien que c’était stupide, mais il n’y pouvait rien. Il finit par se
laisser tomber sur son lit et il s’installa en tailleur.
- Merci, merci, merci…
- Ce n’est pas moi que tu devrais remercier,
Luce. C’est mon père. Mais, tu devrais faire attention, Luce. Tu as beaucoup
peiné, Erwan.
Le
français bouda et renifla.
- Ne te fait pas avoir, Shu chan. Erwan est un
grand manipulateur.
- Je veux bien le croire, mais quand même aller
jusqu’à l’accusé d’être responsable de ton oubli. C’est un peu mesquin, je
trouve.
Luce
s’agita. Il n’aimait pas du tout recevoir des leçons de moral. Shuei s’en
doutait, mais parfois, cela ne faisait pas de mal d’en recevoir. Les caprices
s’étaient bien, mais il fallait savoir s’arrêter de temps en temps.
- Je sais bien que tu ne le fais pas vraiment
consciemment, mais tu abuses beaucoup, Luce. Erwan est complètement à ta merci.
Il aurait bien été capable de prendre le premier vol demain juste pour te
ramener ton cahier.
Luce
se ferma. Il n’aimait vraiment pas être remis à sa place. Il n’avait jamais
aimé être disputé, alors qu’il le méritait amplement. Il se mordit la lèvre,
puis il se redressa et s’exclama d’un ton pincée :
- C’est bon ? T’as fini ta morale ? Je
peux aller m’excuser comme il se doit ?
Luce
n’attendit pas la réponse pour sortir en claquant la porte. Shuei baissa la
tête. Luce n’était pas content. Il aurait mieux fait de se taire. Venait-il de
perdre l’amitié du français ? Triste, le garçon sortit et retourna pour la
peine dans sa chambre. Il se laissa tomber sur le matelas.
Quand
Gaku rentra, il retrouva le jeune français sagement installé en tailleur près
des jambes de l’héritier et écrivait dans son cahier. Il fronça les sourcils. N’avait-il
pas oublié son cahier, celui-là ? Il déposa les magazines achetés sur la
table de la cuisine. Puis, il rejoignit ses deux amis dans le salon. Il regarda
tout autour, mais Shuei n’était pas dans les parages. Dormait-il encore ?
- Il semble que tout est revenu dans l’ordre.
Erwan
se tourna et s’exclama :
- Grâce au père de Shuei.
- Tant mieux. Où est Shuei ? Il n’est
toujours pas levé ?
- Je ne l’ai pas revu depuis qu’il a remis le cahier
à Luce.
À cet
instant, Luce s’agita, mal à l’aise. Intrigué par l’attitude de son petit ami,
Erwan s’écria :
- Luce ? Qu’as-tu fait ?
Le
garçon baissa la tête. Il aimerait disparaitre dans son cahier. Il soupira et
avoua :
- J’ai juste été un peu sec. Pas de quoi en faire
tout un drame !
Erwan
secoua la tête, exaspérée. Shuei avait dû lui faire la morale et bien sûr, Luce
s’était vexé. Tellement évident ! Gaku se passa une main dans ses cheveux décolorés.
Shuei aimait dire les choses en face même si cela ne plaisait pas à la
personne. Lui-même en avait reçu plein la figure. C’était souvent un sujet de
dispute entre Shuei et Megumi également. Sa petite sœur n’aimait pas du tout
recevoir ces défauts en pleine face.
- Ce n’est jamais très agréable de recevoir une
morale, mais ce n’est pas une raison d’être méchant gratuitement, s’enquit
Gaku, n’appréciant pas vraiment. C’est très enfantin !
Sur
ces bonnes paroles, il tourna les talons pour rejoindre la chambre. Shuei
devait être triste et devait penser avoir perdu l’amitié du français. Il
commençait à bien connaitre son jeune amant. Dans le salon, Luce se leva et se
jeta dans les bras de son homme. Erwan le serra. Il avait envie de rire de la
déconvenue de son Ange, mais c’était risqué de le vexer encore plus.
Quand
la porte de la chambre s’ouvrit, Shuei se redressa. Il se morfondait depuis
combien de temps ? Il ne s’en souvenait pas. Il fut soulagé du retour de
Gaku. Il s’engouffra dans les bras réconfortants. Il posa sa tête dans le creux
d’une épaule.
- Dans un sens, vous êtes exactement pareil.
Shuei,
bien installé, renifla. Il ne voyait pas du tout en quoi il pouvait ressembler
de près ou de loin à Luce, ou à qui que ce soit d’autre, d’ailleurs. Gaku, sans
éloigner le garçon, bougea légèrement pour mieux s’asseoir en posant son dos
contre le dossier du lit. Le jeune homme reprit :
- Tu aimes dire les choses en face. Luce est
apparemment du même genre. Il a tendance à détester être disputé ou être face à
sa bêtise. Et tu dois avouer que tu es du même genre.
- Ce n’est pas vrai.
- Ah oui ? Tu n’as pas boudé dans ton coin
quand ton père refusait les vacances.
- Mais, Ga-san ! Ce n’est pas la même chose.
Gaku
gloussa. Shuei n’apprécia pas beaucoup que son petit ami se moque de lui. Il
bouda en jouant avec un bouton de la chemise rouge de Gaku. Il le trouvait très
classe. Le décoloré avait échangé son vieux jean noir, pour un neuf bien
cintré, des baskets du même ton et une chemise d’un rouge vif. Gaku suivait ses
conseils et le garçon en était très content.
En
entendant la réponse, Gaku se mit à rire. Il aurait dû parier que Shuei
réfuterait. C’était tellement évident ! Vexé, le garçon se redressa en
tailleur et croisa les bras. Gaku éclata pour de bon de rire avant de sauter
sur Shuei pour le faire chavirer. Shuei poussa un petit cri de surprise et
donna des coups de poing sur les épaules de son petit ami qui continuait à rire
de lui.
Puis,
tout à coup, Shuei s’arrêta. Il fixa son regard à celui de Gaku et eut un
sourire. Gaku arqua un sourcil de stupeur. Que mijotait son amant ? Shuei,
sans prévenir, jeta ses bras autour du cou, et entoura de ses jambes la taille.
Dans un mouvement souple, dû à toutes ses années de danse, Shuei changea les
positions sans le moindre effort. Il ne fallait pas croire qu’il était plus
faible que son amour sous le prétexte qu’il avait une tête de moins !
Installé
en califourchon, les mains posées sagement sur la poitrine, dont l’une pouvait
aisément entendre les battements de cœurs plus rapides, Shuei
s’exclama avec grande conviction :
- Je n’ai aucun défaut, Ga-san.
- Mais bien sûr !
Esquissant
un sourire, Shuei bougea légèrement en appuyant exprès à un certain endroit.
Gaku grimaça. Ce petit démon le tentait et l’excitait. Shuei pencha la tête et
il observait les yeux sombres s’obscurcir encore plus. Gaku avait posé ses
propres mains sur les cuisses, d’où elles pouvaient sentir les muscles. Il ne
tenterait rien. Il ne ferait aucun geste. Shuei voulait jouer. Il ne voyait pas
pourquoi il l’arrêterait.
- Alors ? Tu continues à dire que j’ai des
défauts ?
- Mmmh ? Tu en as des tonnes, mais ils sont
si mignons que tu es toujours pardonné.
- Grrrrrr ! Grogna le garçon.
Nouveau
mouvement mettant Gaku au supplice. Ce diablotin voulait réellement l’achever.
Par vengeance, le jeune homme glissa une main vers les fesses en une caresse
lascive. Shuei frissonna et se mordit la lèvre pour ne pas gémir. Finalement,
Shuei craqua et se laissa tomber contre son amant et posa son front contre la
poitrine. Il murmura d’une voix basse.
- Je n’aime pas que tu me compares aux autres. Je
veux être unique pour tes yeux.
Gaku eut bien du mal à
l’entendre. Il fut un peu surpris. Il n’avait jamais pensé qu’il le comparait
aux autres. Il remarquait juste les ressemblances. Il gloussa faisant grincer,
à nouveau, les dents de son compagnon.
- Shuei, je t’aime.
Le
garçon gémit et se redressa afin de se jeter sur cette bouche lui disant exactement
les mots qu’il désirait entendre.
je peux le claquer ton Luce ><
Il est pas gentil la... (Je suis un peu pareil avec mes cahiers mais je ne remet pas la faute sur les autres si je les perds.)
Sinon j'aime bien =)
Bizouille
Mai