Bienvenue, Grand frère : 03
Chapitre 3
La
musique commença tout d’abord avec une certaine douceur et légèreté pour finir
par prendre un rythme beaucoup plus soutenu et de plus en plus rapide. La
légèreté s’y trouvait toujours en harmonie avec la violence du son. Sur la
scène, les huit danseurs exécutaient avec synchronisations tous les mouvements
que leur professeur de danse, Okimi-sensei leur avait montré.
Ils
faisaient depuis plus d’une heure et demie déjà les mêmes mouvements afin de
bien les imprégner pour le prochain concours. Certains avaient bien du mal à
rester concentrer. Okimi-sensei leur avait ordonné de suivre son meilleur
élève. Mais, cet élève, parfois, pouvait se révéler têtu et casse-pied. À
l’origine, il ne voulait pas s’inscrire dans ce club de danse. Il n’en voyait
pas l’intérêt, mais sa meilleure amie l’avait supplié tellement qu’il avait
fini par céder.
Alors,
depuis un an déjà, il dansait dans ce club avec Megumi. Parfois, il y avait des
duos. À ce moment-là, il devenait impossible. Il refusait catégoriquement de
danser si ce n’était pas avec Megumi. Okimi-sensei avait souvent pensé
l’étriper plus d’une fois. Bon, heureusement pour elle, Megumi Inamura dansait
plutôt bien, mais pas aussi bien que Ayaka. Mais rien à faire, quand celui-ci
décidait quelque chose, impossible ensuite de lui faire changer d’avis. En tout
cas, depuis un an qu’elle le connaissait, elle ne l’avait jamais vu cédé une
seule fois, même si c’était sa meilleure amie qu’il lui demandait.
Okimi-sensei
se leva pour éteindre le poste de radio. Les danseurs s’écroulèrent, essoufflés.
Ils avaient bien mérité un peu de repos. Elle se mit à les observer. En premier
les filles, chacune avait leur petit charme personnel. Megumi et Nana étaient
très bonnes amies et se trouvaient dans le même collège. Ayaka venait d’un
collège privé et son père était patron d’une entreprise de chaussures. Elle se
savait plus privilégier par rapport aux autres et elle le faisait voir par son
attitude. Rizu était adorable et s’entendait avec tout le monde.
Chez
les garçons, il y avait Daiki et Bunka, les coureurs de jupons, mais qui se
faisaient à chaque fois rembarrer. Seito était un nouvel élément. Le genre de
garçon riche et populaire, mais qui en réalité ne se prenait pas la tête. Il
était avec le dernier, Shuei, un beau garçon et aussi le plus grand de la
troupe. Et puis, il y avait son petit extra-terrestre, Shuei. Avec ses cheveux
gris pâle et ses yeux vairons, ce garçon ne passait pas inaperçu et en plus,
était un excellent danseur, enfin quand il voulait bien s’en donner la peine
évidemment.
-
Okimi-sensei ? On
en a encore pour longtemps, finit par demander son jeune insolent.
- T’as rendez-vous, Shuei ? Lança Daiki, de
sa voix un peu grinçante.
- Ouaip !
- Hein ? C’est vrai ? S’écria,
halluciner, Bunka.
- Bah ouais, j’ai un superbe rendez-vous avec mon
cours du soir, s’exclama Shuei, très sérieusement.
Megumi
et Nana éclatèrent de rire devant la tête d’ahurie des deux garçons. Okimi-sensei
secoua la tête, exaspérée.
- Bon, pour ce soir, ce sera tout. Essayez de
vous rappeler les mouvements pour le prochain cours. Passez une bonne soirée,
les mioches.
- Nous aussi, on vous adore, Sensei, renchérit
Bunka, en filant comme une flèche vers les vestiaires des garçons.
Les autres le suivirent
plus lentement. Ayaka se rapprocha de Shuei et lui susurra :
- Si tu es si pressé, je pourrais demander à mon
chauffeur de te déposer.
Le
garçon se leva et aida Nana et Megumi à se remettre debout. Il daigna tout de
même répondre.
- Non, sans façon.
Il fit
signe à ses deux amies et se détourna pour rejoindre le vestiaire en compagnie
de Seito, toujours aussi silencieux. Ayaka soupira et jeta un regard noir aux
autres filles avant de joindre le vestiaire des filles. Rizu la regarda un
moment, avant de s’exclamer.
-
Mazette ! Elle est tenace comme fille. Elle n’a pas encore compris qu’elle
ne l’intéresse absolument pas. Je ne sais pas le nombre de fois déjà où il l’a
rembarré.
- Que veux-tu ? Elle croit que parce qu’elle
est riche, elle peut tout posséder. Mais, je la plains. Avec Shuei, elle est
mal barrée, s’exclama Megumi. Tu verras dans quelque temps, elle s’attaquera à
Seito.
- Je crois bien qu’elle se fera jeter aussi,
reprit Nana.
- Hein ? Et pourquoi tu dis ça, Nana ?
Tu sais quelque chose que nous ne savons pas ?
La
jeune fille eut un drôle de sourire et jeta un coup d’œil à sa meilleure amie.
Elle connaissait Megumi et Shuei depuis l’école maternelle. Elle n’était pas
aussi proche du garçon comme l’était Megumi, mais cela ne l’empêchait pas de
savoir certaines choses et surtout en ce qui concernait la jeune demoiselle.
Elle lui fit un clin d’œil. Megumi lui tira la langue avant de s’enfuir à son
tour vers le vestiaire. Nana se faisait des idées. Seito n’avait aucune vue sur
elle.
Quand
elle ressortit, ses amies étaient déjà parties. Elle salua Okimi-sensei et s’en
alla. En jetant un coup d’œil à sa montre, elle s’aperçut qu’il était déjà plus
de six heures et demie passées. Elle soupira et inspira un bon coup pour
prendre un grand bol d’air frais.
- T’en as mis du temps, Meggy !
- Waaaaaah S’écria-t-elle, en portant une main à
son cœur.
Elle
se tourna vers celui qui venait de l’interpeller. Shuei et Seito l’attendaient,
appuyés contre le mur de brique.
- Ça ne va pas ! Tu m’as fait peur, abruti.
Shuei
attrapa le cou de son amie et lui fit un bon shampooinnage en s’écriant :
- C’est qui que tu traites d’abruti ?
La
jeune fille se débattit pour s’échapper en riant.
- Je croyais que tu avais cours du soir.
- Hein ? J’ai dit ça, moi ?
- Oui, tu l’as dit. Je confirme.
- Baka ! Et tu l’as cru. T’es nulle,
Meggy !
- Espèce de démon !
- Bon, les enfants vous arrêtez de vous
chamailler !
- Tu nous cherches, Seito ?
Le
grand garçon s’étira de tout son long. Shuei soupira. Il enviait la grande
taille de son ami. Megumi s’exclama :
- Shu, tu ressembles à pygmée à côté.
- Megumi Inamura continue dans cette voie et je
te préviens que je te donne la fessée devant Seito.
- Tu n’oseras pas.
Le
garçon sourit et répliqua :
- Tu crois ?
Seito
secoua la tête. Quand ses deux amis avaient décidé de se jeter des mots d’amour
dans la figure, ils en avaient pour un bon moment. Posant ses mains croisées
derrière la nuque, il commença à avancer. Il finit par demander après un
moment.
- Alors, Megumi ? Comment cela se passe avec
ton grand frère ?
La
jeune fille enfonça ses mains dans les poches. Elle soupira.
- Bien. Il est cool. Il cherche encore quelques
repères, mais il semble s’être un peu adapté à notre présence.
Shuei
s’esclaffa.
- J’ai l’impression que tu parles d’un chien
abandonné, Meggy.
- Et moi, je me demande quand tu vas venir à la
maison pour le voir. Si mes souvenirs sont justes, tu le suivais partout quand
tu venais avec Kahori-san.
- Je viendrais, ben quand je viendrais.
- Ah ! Qu’est-ce que tu peux être chiant,
parfois !
- Ouaip ! Je prends ça pour un compliment.
Seito
se mit à rire. Il s’était tout de suite entendu avec Shuei et Megumi, les
inséparables, ainsi étaient-ils surnommés. Au début, il croyait qu’ils
sortaient ensemble, mais quand il en avait fait la réflexion, les deux
l’avaient regardé comme s’il venait de dire la plus grosse bêtise du siècle,
avant d’éclater de rire comme des idiots.
Étant
donné qu’il s’entendait bien avec eux, il avait supplié son père de l’intégrer
prochainement dans le lycée public où ses deux amis allaient. Sa mère avait été
offusquée. Quoi le fils de Naruhiko Otani, le grand patron de l’Agence Méridional
Publication, refuse d’intégrer une école prestigieuse pour aller dans un lycée
de bas de gamme ! Bah ! Sa mère allait s’en remettre quand son père
lui fournira une carte bleue pour dépenser quelques sous.
Seito
quitta ses deux amis à un détour. Évidemment, il vivait dans un des quartiers
les plus riches. Megumi regarda un instant son nouvel ami s’éloigner. Quand
elle se retourna, elle remarqua le regard amusé de Shuei. Elle rougit aussitôt
et lui passa devant sans plus le regarder.
- Haha ! Je t’ai surpris, Meggy. Serais-tu
tombée amoureuse ?
- Va te faire voir, Shu !
- Aaah ! Trop cruelle !
Ils
continuèrent ainsi jusqu’à l’arrivée devant la maison de son amie. À cet
instant, la porte s’ouvrit livrant le passage à un adulte. Shuei le vit et
resta un instant saisi. Malgré les sept années passées, le garçon pouvait quand
même reconnaitre le frère de son ami dans les traits de cet adulte. Gaku jeta
le sac près de la poubelle et tourna son regard vers les nouveaux arrivants. Il
sourit en voyant sa sœur. Il jeta un coup d’œil vers le garçon qui
l’accompagnait.
Il ne
pouvait pas se tromper sur son compte. Ce garçon était le petit frère de son
défunt ami Ayato. Gaku ne put s’empêcher de le regarder de la tête aux pieds.
C’était un beau mâle. Dommage qu’il avait quinze ans à peine !
- Salut beauté, finit-il par dire à sa sœur.
Megumi
se sentit rougir. Elle adorait les compliments venant de son frère. Elle
s’exclama :
- Coucou, onii-san. Te souviens-tu de
Shuei ?
- Bien sûr ! Tu as bien grandi, Shuei.
Le
garçon hocha la tête au lieu de répondre. Megumi lui jeta un coup d’œil avant
de secouer sa tête. Son ami faisait son timide. Ça lui arrivait parfois et
c’était toujours très drôle.
- Je vais y aller, Meggy. À demain !
La
jeune fille regarda son ami prendre la poudre d’escampette avant de
s’esclaffer. Elle s’approcha de son frère qui se grattait la tête, pensif. Elle
lui avoua :
-
Haha ! Onii-san,
tu intimides Shu. Il était tout rouge.
Gaku
lança un rapide regard dans la direction où l’adolescent était parti. Il secoua
la tête. Il en avait assez des adolescents. Maintenant, il devait se trouver un
adulte de son âge, enfin si ça existait toujours évidemment.
- Qu’est-ce que tu as fait, aujourd’hui,
onii-san ?
- Rien du tout ! Mais, bon, il va falloir
que je me trouve une occupation parce que je vais finir par m’encrouter sinon.
- Pourquoi ne m’aiderais-tu pas à faire mes
devoirs ? Je suis sûr que Mairu en sera verte de jalousie.
- Méchante fille ! S’exclama-t-il amusé.
- Moi méchante, non, juste un peu ! Allez
dépêche-toi !
Gaku
leva les yeux au ciel. Il eut une petite pensée pour un certain chat sauvage.
Il se demandait s’il allait bien et s’il lui manquait un petit peu, juste un
petit peu. Il se secoua un bon coup et rejoignit sa jeune sœur qui l’appelait à
grand cri.