Sur un parking près d’un zoo : 39
La
route n’étant pas envahie par les voitures, Erwan s’amusa à accélérer plus que
de raison. Aucun radar ne se trouvant pas encore dans les parages, il pouvait
se le permettre. Le peu de voitures qu’ils rencontrèrent les klaxonna, mais la moto
fila sans y faire la moindre attention.
Le
Paradisio se trouvait exactement à deux heures de route en bus ou une heure et
demie en voiture. En moto et surtout à la vitesse où Erwan avait roulé, ils
mirent une heure et dix minutes. Le zoo était situé bien à l’écart de la ville
et de toute habitation, mais dans quelques années, les champs alentour
risqueraient fort bien de changer en maison ou appartement.
Erwan
s’arrêta près du parking clientèle. Il n’y avait pas beaucoup de voiture et en
y regardant mieux, Sawako ne vit pas celle de Shin. Il soupira. Serait-il
arrivé trop tard ? Erwan lui retira son casque et observa les alentours.
Des hauts murs cachaient l’intérieur du Zoo. La grande porte était grande
ouverte où un panneau juste au dessus représentait une multitude d’animaux sauvages
terrestres ou aquatiques.
La
particularité de ce zoo était la présentation de la faune, des reptiles, des
insectes et un passage amenait le public au grand aquarium. Un mouvement se fit
à l’entrée. Erwan reconnut le frère d’Akira. Il fit signe à Sawako.
- Le voilà ! Il a dû se garer
ailleurs. Peut-être sur le parking du personnel, expliqua le jeune homme.
Le
japonais regardait dans la direction, le cœur battant la chamade. Il se sentait
un peu gauche. Erwan baissa son regard vers lui, amusé.
- Je rêve où tu as la trouille ?
Le
japonais lui jeta un regard noir. Pour qui il le prenait celui-là ! Il eut
la surprise de voir le Miori s’allumait une cigarette. Il eut un hoquet.
- Si Luce l’apprend, tu vas souffrir, Erwan.
Erwan
lui rejeta la fumée en pleine figure faisant toussoter le garçon.
- C’est de ta faute. Tu m’as éloigné de
ma nicotine.
- Je ne t’ai pas demandé d’accepter ma
demande, grogna le japonais.
- Certes, mais tu ne serais pas arrivé
avant la fermeture du zoo.
Sawako
ouvrit la bouche, mais resta sans voix. Erwan n’avait pas tort. Il se retourna
vers l’entrée. Shin mettait un temps pour sortir. Il discutait avec un homme
plus âgé. Un plus jeune apparut également et parla quelques instants avec les deux
hommes avant de sortir du zoo. Il se dirigeait vers une voiture garée un peu
plus loin. Sawako fronça les sourcils. Il le reconnaissait. Il s’exclama :
- Qu’est-ce qu’il fiche ici,
celui-là ?
L’héritier
Miori se tourna dans la bonne direction. Il se mit à rire.
- Je n’y crois pas, maintenant tu vas
nous faire une crise de jalousie.
- Bordel ! Arrête de te foutre de
moi, Miori, s’écria le japonais, un peu vexé.
Erwan
se mit à rire de plus belle. Il attira l’attention de l’autre homme. Celui-ci
s’approcha et les salua.
- Tiens, si je m’attendais à vous voir
ici.
- J’ai amené un chaton à son maître.
Miori
grimaça légèrement en recevant un coup de pied dans le tibia. Il reprit :
- Va falloir dire à Shin de lui mettre un
collier en cas où il se perd.
Nouvelle
grimace pour un autre coup de pied ! Le nouvel arrivant éclata de rire.
- Qu’es-tu venu faire ici, Quentin ?
Je croyais que le zoo était fermé pour le moment.
- Oui, il n’ouvrira que dans un mois.
Shin m’a demandé de faire toutes les photos. J’ai accepté avec plaisir. J’ai pu
faire de nouvelles photos pour ma collection d’araignées.
- Mmh ! Si Jeff tombe dessus, tu vas
souffrir Quentin, s’exclama Erwan, amusé.
- Pfft ! Il n’a pas besoin de cet
élément pour se servir de ton cadeau. Merci encore, hein ! Mes fesses s’en
souviennent.
Sawako
les écoutait un peu à la ramasse. Mais, il s’en fichait un peu aussi. Il jeta à
nouveau coup d’œil vers l’entrée. Shin n’était plus visible. Où était-il ?
Le voyant chercher, Quentin s’écria :
- Il devait voir encore quelques trucs
avec le directeur. Si tu ne veux pas le louper, tu devrais rejoindre sa
voiture. Elle est garée derrière les arbres là-bas.
Sawako
se tourna dans la direction que lui indiquait Quentin. Il aperçut deux grands
chênes.
- Il y a un autre parking. Il est privé
et surtout payant. Il y a beaucoup d’ombre, ce sont les meilleures places.
Mais, c’est trop cher.
- Pourquoi se mettre dans un parking
payant ? Demanda Erwan, intrigué.
- Parce que pour Shin c’est gratuit, bien
sûr ! Bon, ce n’est pas tout, mais je dois m’en aller. Jeff doit
m’attendre de pied ferme. Il n’est pas très patient.
Quentin
les salua et retourna à sa voiture. Erwan enfila à nouveau son casque et
s’exclama :
- Allez, je te laisse. Je vais rejoindre
ma moitié. Il va me falloir beaucoup d’imagination pour me faire pardonner de
l’avoir abandonné quelques heures. Appelle-moi à la rescousse si tu as d’autres
petits soucis. Surtout, n’hésite pas !
Après un dernier salut de la main, Erwan
démarra et disparut assez vite de l’horizon, tout comme la voiture de Quentin
Chavigne. Sawako se tourna en direction des deux chênes. Il hésita un instant. Quelle
serait l’attitude de Shin en le voyant ? Il haussa les épaules. Il verrait
bien.
Il
se dirigea vers l’endroit. Dès qu’il traversa, il se retourna aussitôt et eut
la surprise de s’apercevoir qu’il ne voyait pas l’autre parking.
Incroyable ! La discrétion était bien assurée. Ce nouveau parking, plus
petit que le précédent, ne comportait qu’un seul véhicule, une Ford Ka, couleur
Aubergine.
Il
s’en approcha et s’appuya nonchalamment contre le capot. Il se mit à attendre
et à attendre… Monsieur ne semblait pas vraiment pressé de rejoindre sa
voiture. Le garçon se sentait mal à l’aise. De loin, il pouvait entendre le cri
de certains animaux, mais à part cela, il n’y avait pas d’autres bruits et ne
vit personne, non plus. Il n’aimait pas du tout cette sensation d’être seul au monde.
Quinze
bonnes minutes plus tard, il vit enfin la silhouette tant attendue. Shin
semblait dans ses pensées et ne montra pas sa surprise également. Sawako en fut
un peu déçu. Pourquoi n’avait-il pas de réaction ? Avait-il deviné qu’il
le rejoindrait ? Il se mit à observer les faits et gestes de Shin. L’homme
se dirigea d’abord vers le coffre de sa voiture afin de ranger ses papiers.
Puis, toujours sous le regard du japonais, il se planta en face de lui.
Aucun
des deux ne voulait rompre le silence. Ils se fixèrent pendant un long moment
avant que Shin réagisse sans crier gare. Sawako fut renversé, le dos contre le
capot du véhicule, les poignets retenus solidement de chaque côté du visage. Le
garçon eut juste le temps de grimacer légèrement avant que sa bouche soit
envahie par celle avide de Shin.
Ce
baiser violent et vorace lui faisait perdre ses repères. Sawako ne savait plus
où il se trouvait, mais en même temps, il pouvait très bien sentir contre lui
le corps de son amant, si chaud et dur à un certain endroit. Ce fait lui remit
les pendules à l’heure. Avec effort, il parvint à repousser un peu l’homme. Il
put ainsi reprendre du souffle.
- Ça te prend souvent de sauter sur les
gens ! S’écria le japonais, les joues en feu, tout comme les lèvres.
Sans
pour autant quitter sa position dominante face au garçon, Shin eut un léger
sourire. Il se lécha les babines. Sawako eut un geste de recul. Ce sourire
n’augurait rien de bon. Il le comprit aussitôt quand Shin lui relâcha un
poignet. La main libre glissa le long du corps sensible du japonais pour finir
sur son entrejambe.
- Ah ! S’exclama, de surprise, le
garçon, avant de se débattre sans succès pour éjecter cet insecte pas
raisonnable du tout.
- Bordel, Shin ! Nous sommes à la
vue de tous.
L’homme
sourit à nouveau et se mit en devoir de détacher les boutons du pantalon kaki,
afin de s’introduire à l’intérieur. Dès qu’il sentit les doigts joués avec son
sexe, Sawako ne put empêcher un gémissement de s’échapper de sa bouche entre
ouverte.
- Mmmh ! Tu te plains, mais tu sembles
bien excité, chaton.
De
son bras libre, Sawako donna un coup à Shin pour se moquer de lui. Pour toute
réponse, l’homme se mit à rire et continua à caresser le garçon. Il perdait
pied. Shin n’avait pas le droit de le rendre si faible. Sawako rejeta la tête
vers l’arrière et ferma un peu les yeux. Il ne pouvait pas s’empêcher d’aimer
ces caresses.
Il
eut un hoquet de surprise quand il sentit la légèreté du vent sur ses jambes
nues. Il ouvrit les yeux en grand et voulut s’écrier au scandale, mais il
perdit toute notion de temps et de lieu quand Shin le retourna et le prépara avant
de le pénétrer. Le désir, le plaisir prit la place et il se laissa déborder par
l’extase.
Sawako
se redressa un peu quand Shin se retira. Il fut surpris de le voir retirer un
préservatif. Il avait un peu honte, car depuis qu’il couchait avec Shin, il ne
lui avait pas demandé de se couvrir. Si Hisao l’apprenait, il était sûr de
subir un sermon de tous les diables.
- Pourquoi en mettre un ?
- Idiot ! Tu préférerais te promener
avec du sperme dégoulinant sur tes jolies fesses.
Les
joues du garçon virèrent au rouge vif pour le plus grand plaisir de Shin.
- Ce serait la faute à qui !
- Il ne fallait pas être aussi sexy.
- N’importe quoi ! On n’a pas idée
de faire des cochonneries sur un lieu public.
- Mmmh ! Pourquoi donc ? Il n’y
a personne dans les environs.
Shin
glissa son regard vers le bas et avec un sourire, s’exclama :
- Si tu ne te rhabilles pas, je risque
fort de recommencer et malheureusement pour toi, je n’ai pas trente-six
préservatifs dans la poche.
- Obsédé ! S’écria Sawako, les joues
encore plus rouges et attachant son pantalon rapidement.
- Alors, chaton ? Que fais-tu
ici ? Je croyais que tu ne voulais pas venir.
- Crétin !
Shin
attrapa le garçon et le chavira à nouveau contre le capot de la voiture. Il
souriait, très amusé semble-t-il !
- Ce n’est pas gentil de m’insulter
ainsi. Veux-tu être enfermé avec les singes ? Où alors tu veux te
retrouver en tête à tête avec de charmantes créatures qui ont la même langue
que toi ?
- Aaaaaaaaaaaah ! Shin,
lâche-moi ! Je veux juste être avec toi.
Shin
eut un sursaut. Il fixa son regard dans celui du japonais qui venait de se
rendre compte de ce qu’il venait d’avouer par les mordillements de ses lèvres
et du regard fuyant. Shin éclata de rire.
- Bon, j’ai fini pour aujourd’hui. Que
veux-tu faire ? Veux-tu visiter ce zoo avant tout le monde ?
- On peut ? Il n’est pas fermé au
public ?
- Le directeur est un vieil ami d’Akira.
Il a un faible pour les chatons très mignons, alors je suis sûr qu’il acceptera
sans faire d’histoire.
Shin
libéra le japonais et évita de justesse un coup de pied. Il se mit à rire.
- Tu vas voir si je suis un mignon
chaton !
Shin
attrapa la main du garçon et le tira pour le faire avancer en direction du zoo.
Sawako tira sur son bras pour libérer sa main, mais sans succès.
- Shin, nous sommes en public, râla
Sawako.
- Chaton ? Tais-toi et avance. Ceux
qui te verront tenir la main d’un homme ne s’en offusqueront pas le moins du
monde, je t’assure. Ils s’en contrefichent, d‘ailleurs.
Ils
approchaient de l’entrée privée, quand Sawako demanda subitement.
- Est-ce que tu donnais la main à Hans
aussi ?
Shin
s’arrêta net et se tourna vers le garçon. Sawako baissait la tête s’en voulant
de sa bêtise. L’homme lui releva le menton et lui donna un tendre baiser. Il
répondit :
- Non, il n’a jamais voulu. Hans
n’arrivait pas à assumer son homosexualité. Il a tout essayé pour se prouver
qu’il ne l’était pas. Il m’en a fait porter le chapeau, mais j’étais très
stupide, alors je n’ai rien compris.
- Tu as tort, ce n’était pas de la
stupidité, tu as juste nié la vérité.
- Possible, chaton. Fort possible !
Et toi, chaton ? As-tu donné la main à ce Gaku ?
Sawako
leva des yeux ébahis vers Shin. Pourquoi lui demandait-il ça maintenant ?
Shin reprit :
- Et bien, j’ai un peu parlé de Hans donc
à ton tour, c’était le deal, non ?
- Ah ! Je l’avais oublié. Non, ce
n’était pas mon genre. Je fais vraiment des trucs avec toi que je ne faisais
pas avant.
- Comme quoi ?
- Euh ! Comme embrassé, je dirais.
Je n’ai jamais voulu être embrassé avant. Je trouvais cela répugnant, mais
maintenant je trouve cela vraiment très agréable.
En
récompense, Shin se pencha et s’empara de la bouche du japonais. Sawako jeta
ses bras autour du cou et répondit à l’invite. Quand ils se détachèrent enfin,
le garçon laissa échapper :
- Vraiment très agréable.
Il
se passa un doigt sur les lèvres avant d’attraper de lui-même la main de Shin
et il se remit en marche en tirant l’homme pour le faire avancer. Il
s’écria :
- Allez, je veux voir le zoo complet.
mon petit couple préféré !!